Semaine 4 – Amareja Sud du Portugal -A la quête des Yuzus – 318 km 2640 m de dénivelé
Suivez nos aventures en recevant notre newsletter toutes les semaines, inscrivez-vous en cliquant ici puis renseignez votre nom et email.
Nous quittons Carlos, Raquel, Garfield et tous les animaux avec une certaine émotion. Carlos nous montre encore quelques unes de ses recherches, nous nous embrassons chaleureusement tous, les yeux brillent un peu. Ces quelques jours de partage autour d’une passion commune ont été riches pour les uns et les autres. Carlos nous rappellera en fin de journée pour nous donner encore quelques contacts et Raquel nous enverra des photos de ces deux agneaux nés dans la nuit. Une sacrée montée pour s’extirper de Monte Carvahlo nous pousse à nous remettre dans nos jambes et un paysage incroyable, sur des petites routes sans voiture, au milieu des vignes, de petits boccages, accompagnant nos pensées qui restent encore un peu à Monte das Aromaticas. Quelques fleures et plantes viennent nous changer les idées (lire notre brève: les plantes de la semaine 4).
Les derniers jours au Portugal nous amènent à longer le plus grand lac artificiel d’Europe, l’albufeira (le barrage) d’Alqueva et à passer par des villes remarquables (lire notre brève l’albufeira d’Alqueva, un projet ambitieux source de grandes tensions).
Elvas, Monsaraz, Mourao, des petites villes témoin d’un passé très riche, lieux convoités déjà par les visigoths, les romains, les maures, les arabes, les espagnols…Constructions en hauteur, églises, châteaux prédominant et visibles de loin, forteresses, murailles, aqueducs. Vestiges de stratégies militaires: impressionner et se protéger. Philippe me fait remarquer que ces stratégies sont risquées car l’adversaire peut facilement isoler et affamer les habitants perchés sur leur monticule…Trois petites villes, trois gestion de la manne touristique:
Monsaraz: la Gruyère de l’Alentejo, est un village remarquablement conservé et entretenu, ripoliné, magnifique, mais village mort, quelques rares habitants, et l’ensemble des activités orientées touristes: petits hôtels de charme, restaurants de grande qualité mais sans tout le charme de l’Alentejo, musique lounge et voisins de table exclusivement canadiens qui parlent forts, loges artisanales, boutiques fashion avec les dernières collections de Paris…..
Elvas: ville peu connue des touristes mais d’une richesse architecturale et historique digne des grandes villes italiennes. L’aqueduc d’Almoreira, un des plus longs d’Europe, a une longueur de 7 054 mètres, 833 arcs, avec au plus quatre registres à la fois. La ville d’Elvas est entourée de la plus grande ceinture de remparts du pays (4 km) percé de trois portes. Enfin 2 forts avancés qui vue d’avion, sont une curiosité qui donne envie d’analyser les mesures et d’y trouver le nombre d’or… Mais en s’y baladant, l’atmosphère qui s’y dégage, n’est pas enchanteresse ou ravissante…des voitures partout, une ville en déclin, avec peu de jeunes dans les rues alors que des grandes écoles sont présentes, échoppes et maison à vendre un peu partout, les murailles peintes presque outrageusement en jaune.. La stratégie touristique de la ville semble être désordonnée et tardive.
Enfin, la petite ville de Mourao, très joliment conservée, avec ses tours, son église et ses forteresses et beaucoup de vie. Nous arrivons d’ailleurs en pleine effervescence religieuse ce jour du 2 février, fête de la Nossa Senhora das Candeias (lire notre brève: procession à Mourao). Petite ville typique, fière de son passé et de ses traditions, vivante et accueillante. Nous dormons dans une très jolie maison joliment transformée en maison d’hôtes.
Plus les jours passent, plus nous nous sentons libres et légers. Une autre routine s’installe, très lente…déplacements à vélos, visites des lieux, recherches et prises de contact avec des producteurs intéressants, rédaction du blog, choix et planification des routes, choix des lieux de bivouacs, l’incertitude et la non planification deviennent agréable. Une nouvelle joie commence à nous envahir, très progressivement…nos fronts se décrispent, nos réactions deviennent plus alertes et enjouées. Nous devenons plus disponibles, ouverts aux rencontres qui se présentent comme des vraies surprises, à chaque fois.
Occupés à planifier notre route, installés dans la salle de séjour de notre maison d’hôtes à Mourao, Joao et Marta cherchent le numéro du propriétaire, nous le leur donnons et la discussion s’engage. Sans horaire, sans contrainte, sans jamais regarder une montre qui ne nous est actuellement utile que pour connaître l’altitude, nous entrons dans la discussion curieux, enchantés de connaître la suite (sur la photo à gauche, une horloge. En fait, il y en avait au moins 20 dans 3 salles, aucune ne fonctionnant, toutes à des heures différentes….). Portugais, voyageurs, polyglottes, ce couple connaît très bien l’Europe et l’Alentejo. Architecte et agent immobilier, ils aiment leur région et développent des projets pour conserver le patrimoine. Selon eux, nous allons devoir continuer le voyage avec un grand problème: nous avons commencé notre voyage avec la visite de l’Alentejo et du Portugal, pays stable, beau, riche en grands espaces, éloignés et préservés des problèmes des pays riches européens…Ecoutant avec intérêt notre projet, ils nous orientent vers un couple de producteurs de citrons anciens. Ils ne les connaissent pas personnellement mais ils ont fait les unes des journaux, et ils sont sur notre route. Nous reprenons la route joyeux et enrichis de l’échange.
Arrivés à Amareleja, petit village méconnu de e-booker, nous demandons notre route à la boulangerie pâtisserie du coin. Notre portugais nous permet de tout comprendre et de nous exprimer suffisamment mais nous sommes évidemment très vite repérés, que ce soit par notre look fluo ou par notre accent. Une jeune fille vient à notre secours. Andreia parle parfaitement le français, avec un accent valdo-portugais à couper au couteau. Elle a vécu et travaillé à Etoy, chez Migrolino pendant 5 ans. Dès la naissance de son enfant, le coût de la vie devenant trop élevé en Suisse, ils sont revenus dans le village natal de son mari, à Amareleja. Ils ont certainement dû bénéficier des encouragements au retour lancé par le gouvernement portugais dans les années 2019-20120 pour tenter des faire revenir de nombreux portugais partis à l’étranger lors de la grosse crise économique de 2008. Ces mesures ont d’ailleurs constitué un retournement historique de la part d’un État ayant toujours encouragé sa jeunesse désœuvrée à émigrer, afin qu’elle rapatrie des fonds depuis l’étranger. Le couple cherche à développer un projet de culture de baies de golgi, en bio…Elle a adoré la Suisse et elle se passionne pour son projet actuel…Andreia nous indique la porte de Vera et Joao. Nous toquons et prenons rendez vous pour 14h00 le lendemain.
Nous devons donc passer la nuit dans le village, en tente ou dans une chambre. La deuxième option nous arrangerait, nous devons travailler…mais selon toutes nos applications, il n’y a pas d’hôtel dans la région. Nous alpaguons des clients sur une terrasse. Une jeune fille prend très au sérieux notre demande de recherche d’une chambre pour la nuit. Elle fait 3 téléphones puis nous demande d’attendre, le propriétaire d’un petit appartement à louer pour la nuit viendra nous chercher dans une vingtaine de minutes, le temps de vite préparer la petite maisonnée tout récemment retapée et certainement louée pour la première fois à des touristes.. Le propriétaire, César, un collègue lointain de Philippe puisqu’il travail chez Acciona, centre solar fotovoltaica de Amarelaja (lire notre brève technologie-écologie-semaine 4), nous présente les lieux: un sas, une chambre, un kitchenette et une petite salle de bain, 30 mètres carrée. Nous sommes très contents d’entrer enfin dans une petite maison traditionnelle que nous voyons depuis plus de 500 km maintenant. Nous terminons cette belle journée de rencontres par un restaurant » Poço do Chorao », surprenant par sa stature dans ce petit village, nous sommes servis comme des rois, choyés et réchauffés par un feu de bois et par une ambiance échaudée, match Egypte contre Cameroun, ici la coupe d’Afrique des nations est très suivie!! Le bon vin et la liqueur d’amande du coin viennent soutenir notre joie, nous rentrons nous coucher heureux.
.
Nos dernières nuit au Portugal se passeront dans cette petite maison traditionnelle, comme celles que nous avons vu tout au long de notre périple lusophone.
Après une rencontre inspirante avec la plus grande productrice de Yuzu d’Europe (dixit wikipedia!) (Voire notre brève: un citron, sinon rien) , nous avons repris la route. Premier jour couvert, presque froid. Nous laissons l’Alentejo, reconnaissant et terminant avec un bon repas dans le dernier village portugais Barrancos (lire notre brève: Végan s’abstenir).
Le paysage en Espagne change rapidement: vallées escarpées, ruisseaux partout, châtaigneraies, architecture imposante, bref ..changement de ton. Le mois de février sera espagnol pour nous!
8 réponses