Semaine 5, Espagne: Aracena-Malaga, déjà 1000km parcourus! Etape 351km 3580 m de dénivelé
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Arrivés en Andalousie, nous avons quittés les boccages bucoliques de l’Alentejo pour traverser des étendues enchanteresses de forêts et de maquis sur plusieurs dizaines de kilomètres. Les premiers palmiers apparaissent (chamaerops humilis) (lire notre brève: les plantes n° 5: palmiers – olives et feux): . Peu ou pas d’habitant, pas d’élevage. Ces régions sont convoitées par les chasseurs et par quelques producteurs de bois.
Avant de repartir sur les routes, nous découvrons la première ville espagnole avec ravissement: Aracena, petite ville envahies par les touristes espagnols le week-end. Resto soignés et Grutas de las marvillas. Pour les locaux, des laveries automatiques pour tous et surtout pour les danseuses de flamenco…
Depuis des milliers d’années, la région de la Sierra située au Nord Ouest de Séville, est surtout exploitée pour ses métaux, cuivre, fer, lithium. Nous traversons, ébahis, la mine à ciel ouvert de Riotinto pendant une heure (cf. notre brève: Rio Tinto, une heure dans la grande histoire du cuivre).
Puis, après une très belle nuit de rêve (8°C sans rosée) en bivouac, sur un mont surplombant les vallées, après le petit village d’El Madrono,
nous rencontrons de bon matin, 4 bûcherons entretenant la route, suivis de 5 chefs, observant tranquillement les travailleurs…Nous nous moquons gentiment de cette répartition du travail en leur affirmant que c’est un peu pareil chez nous. Trêve de plaisanterie… de fort bonne humeur, ils nous expliquent qu’ils sont nombreux pour suivre un vaste programme de reboisement mis en place après le grand incendie de 2004, qui a détruit plus de 34 000 hectares de forêts…Cet incendie a appauvrit de manière durable toute la région. (lire notre brève: les plantes de la semaine n° 5)Derrière cette très sympathique rencontre et ces quelques mots, une vraie tragédie qui dure et qui touche de très nombreux habitants de la région.
Puis, via une route fantastique en balcon de 25km descendant sur la plaine de Séville, nous atteignons Aznalcollar, première petite localité andalouse que nous rencontrons après des dizaines de kilomètres de désert humain. Wikipédia nous apprend que la petite ville compte 6000 habitants mais curieusement, les rubriques »histoires, géographie, administration » sont lacunaires…la rubrique « économie » quant à elle, mentionne: « La commune abrite une mine qui a connu un grave accident. Des déchets acides et chargés de métaux lourds, sulfures et autres toxiques ont pollué le milieu naturel. » (il s’agit en fait d’une vraie catastrophe) écologique qui a eu lieu en 1998. Nous sommes donc dans un site chargé d’histoires, d’histoires d’hommes, de réussites technologiques, de catastrophes naturelles à l’échelon européen. Les catastrophes minières, les catastrophes naturelles se sont données rendez-vous sur ce site.
Une ville de miniers, une place leur fait d’ailleurs honneur. Aznalcollar est au cœur d’un complexe minier d’une superficie de près de 950 hectares, qui dispose de réserves et de ressources probables d’environ 80 millions de tonnes de sulfures polymétalliques (cuivre, plomb et zinc, ainsi que d’or et d’argent).
Bref, nous cherchons une petite épicerie pour notre pique-nique….Selon notre google Map, Aznalcollar ne croule pas sous les épiceries et petits supermarchés. Nous entrons dans le premier petit magasin. Deux allées, ultra chargées, des produits partout, jonchant le sol et entassés dans les étagères. Toutes les grandes marques internationales sont présentes (nous souhaitions tester le chocolat espagnol.. (Nestlé, Danone, etc.), une quantité incroyable de produits préparés, des couleurs vives…nous trouvons avec grand peine un petit fromage du coin, quand aux fruits, le rayon est maigre et les produits d’ailleurs (les avocats du Pérou et les pommes de Hollande)…Nous sommes surpris par cette quantité énorme de malbouffe….Le rayon produits de nettoyage est hystérique et pas une seule mention »bio ». Nous ne vivons pas dans le même monde au même moment.
Nous mangeons notre pitance sur une petite place de marché, en face d’un petit marché de fripes made un china… triste, désabusés de ce nous voyons, la fontaine contient davantage de canettes en alu flottant que de poissons.
Il nous reste quelques 40 kilomètres jusqu’à Séville…le paysage est beaucoup moins romantique: agriculture intensive immense. La route est pour nous morose et triste.
A Séville, émerveillés par l’architecture néo-mudéjare de la ville, et après avoir visiter l’arboretum de Séville (lire notre brève: un arboretum peu convainquant à Séville), nous nous mettons en quête de marchands de plantes médicinales et aromatiques et des petits magasins bio, dans l’espoir de rencontrer des producteurs locaux ou de glaner tout du moins quelques adresses. Les quelques marchés que nous visitons sont très riches en étals de viandes et fromages. Les stands de légumes et fruits, sont rutilants et brillants, mais bien trop suspects pour les « écolos bobos » que nous sommes. Lorsque nous demandons la provenance des fruits et légumes, le vendeurs nous affirment qu’en dehors des fraises produites à Huelvas, (sic….) les autres fruits et légumes proviennent tous de l’étranger… Même au supermarché le plus apprécié des espagnols, El Corte Inglès, les rayons « bio ou Organic » n’existent pas, les quelques produits bio ne remplissant pas un rayon tout entier.
Philippe recense deux adresses de magasin de plantes médicinales et je trouve quelques rares adresses d’épicerie bio. Nous nous étonnons de cette très faible quantité de magasins de ce type à Séville, ville de plus de 600’000 habitants, 1 million et demi si on prend le grand Séville. Le premier magasin de plantes médicinales est en fait une toute petite épicerie de 4 mètres carrée de produits bio divers. Nous y retrouvons les grands marques allemandes, Weleda, les tisanes Yogi tea, etc. Quand aux plantes médicinales, nous n’en trouverons pas. Le patron qui détient cette échoppe depuis 26 ans, nous explique que le pouvoir d’achat des sevillanos et sevillanas est très faible pour accéder à ce type de produits mais qu’il a une clientèle fidèle…Au vu du soin apporté à sa devanture, sa clientèle doit être aussi restreinte que fidèle…
Nous visitons ensuite une des plus grande épicerie bio de Séville…Joliment décorée pour nos yeux d’occidentaux du nord, achalandé comme le Topinambour…il y a 20 ans. Beaucoup de produits d’Europe du nord, quelques produits frais d’Espagne (enfin…!) et des semences bio Déméter Portugaises, Sementes Vivas (nous les avons raté au Portugal!! Raquel, Carlos ou Monique, vous pourriez essayer pour nous??) La vendeuse nous explique que les étrangers sont ses principaux clients, un produit bio coûtant 4 fois plus cher qu’un produit conventionnel. Le kilo de flocons d’avoine bio est à 6 euros, chez nous 2 , comparativement la main d’œuvre agricole est payée 5 euros, contre 25 CHF. Quelques jeunes voudraient pouvoir s’acheter ses produits pour une question de philosophie et de conscience, mais évidemment un poulet à 5 euros face à un poulet à 20 euros, à 20 ans…le choix est vite fait!
La dernière herboristerie dans laquelle nous nous rendons est avenante mais contraire à toutes les règles de base de conservation des plantes: plantes en vrac au soleil ou emballées dans des sachets plastiques transparents (dans les deux cas, les principes actifs des plantes sont détériorés par le soleil). Le choix des plantes est par contre était intéressant et complet. La vendeuses n’a cependant aucune connaissance des plantes ni de leurs vertus…La boutique a 8 ans…Elle a donc l’âge de cette vague de mode des plantes médicinales qui a inondé le Portugal et l’Espagne, il y a 10 ans…Et comme chacun sait, les modes passent…
De plus, en vérifiant la législation (analyse des différents législation dans 7 pays européennes et la canada) , nous constatons que ce commerce est hors la loi puisque la législation espagnole interdit la mise en évidence des vertus thérapeutiques des plantes médicinales vendues en dehors des pharmacies…
En faisant nos recherches de producteurs, nous avons eu beaucoup de mal à trouver des producteurs bio ou développant des méthodes respectueuses de la terre dans la région de Séville. Les plus proches se trouvent apparemment dans la région de Malaga. Notre informateur nous dira que le développement de l’agriculture biologique à Malaga s’est réalisé suite à la demande des étrangers, nombreux dans cette région et avec un pouvoir d’achat important. Nous lançons nos prises de contact dans cette région…nous venons de recevoir une réponse positive d’un couple de français, exportateur de produits espagnols bio en France et qui travaillent avec les producteurs locaux. Nous prenons donc la route de Malaga, en espérant pouvoir déguster plus souvent des légumes…
La sortie de Séville est fastidieuse. Nos applications nous guident sur des chemins de terre qui déambulent entre les no mans land, des zones industrielles, des décharges, des poubelles sauvages sur des kilomètres, loin des touristes, des zones à bâtir subitement stoppées (comme partout en Espagne dès la crise de 2008…), des voies de chemin de fer en construction, impraticable pour longtemps, le rail ayant pris la tangente…. 2 heures pour sortir de la ville, pressés de retrouver la campagne.. rien n’est beau, des déchets jonchent le sol partout.
Nous tombons sur une magnifique piste verte (libre brève: plantes de la semaine 5) que nous empruntons sur plusieurs dizaines de km.
Nous savourons ce terrain plat parce que bientôt nous nous lançons courageusement dans la sierra, à la découverte de quelques fameux et magnifiques villages blancs., qui sont en principe toujours perchés sur une montagne.
Notre première découverte est Zahara de la Sierra. Nous allons chez Manuel, qui nous accueille dans une petite maisons familiale avec une vue imprenable sur la barrage.
Manuel a travaillé toute sa vie et continue à avoir beaucoup d’idées. Il représente bien le sénior actuel en Espagne. Il décide de garder son indépendance et autonomie, ne retourne pas en famille comme c’était le cas dans le passé en Espagne, et jouit du soutien de ses voisins et citoyens du village qu’il dit tous connaître (cf article ci-joint sur les nouvelles réalités sociologiques des personnes âgées vivant seules en Espagne). Depuis que nous sommes arrivés en Espagne nous observons de nombreuses maisons de retraite à l’entrée des villages et villes que nous traversons et beaucoup de séniors dans les rues. A Zahara de la Sierra, la maisons de retraite se fond dans le blanc du village et a aussi sa vue imprenable. L’Espagne vit en effet une problématique démographique importante. Le taux de fécondité est un des plus bas d’Europe et l’espérance de vie augmente. L’Etat ne parvient pas actuellement à faire face à cette très forte demande et ce secteur devient un marché juteux. Par contre, le système de retraite en place est régulièrement revus et débattus, les défis futurs étant très importants.
Après cette escapade chaleureuse, nous enfourchons nos vélos pour Setenil de las Bodegas. C’est l’itinéraire le plus rapide pour aller à Malaga…mais plus rapide veut aussi dire plus escarpé! Quelle surprise en arrivant par le haut du village. N’ayant pas consulté de guide touristique, nous sommes époustouflés par la beauté du village. Nous flânons dans le village, toutes les terrasses prises d’assaut par les meilleurs et plus nombreux touristes en Espagne: les espagnols (2 tiers des espagnols voyagent en Espagne!). Ils sont tous venus passer le week end et fêter la St Valentin!
Nous nous sommes laissés bercés par ce village et avons repris la route tardivement…ayant discuté avec un viking sympathique (cf brève:Erlend Solbakk Harbitz, un viking voyageant léger) et en avons oublié la météo! Après un mois sans pluie, nous voilà pris sous une averse grêlante! Tous les hôtels sont complets! Trempés, nous cherchons rapidement un lieu pour poser notre tente, pas facile dans un pays qui clôture toutes les parcelles!
Après une très bonne nuit sous l’eau, nous repartons pour nos dernières grandes montées, au milieu des parcs éoliens (cf brève semaine 5 Centrales solaires thermiques-éolien) pour sortir de la sierra. Une descente de plus 20 kilomètres nous attend pour rejoindre les alentours de Malaga. Nous laissons derrière nous les étendues sans fin d’oliviers pour rencontrer les cultures de citrons et d’oranges!
A la confiserie de Pizarra ce matin!
Journée de la St-Valentin
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