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Une rencontre inattendue avec Gaetano de l’Azienda Valle degli Aromi nous renvoie sur Aldo Bongionvanni, herboriste, gardien du jardin « Dal’pollice verde » situé à deux kilomètres après le village de San Biagio Platani. Après un très rapide coup de fil et un rendez-vous pris, nous prenons la route le jour suivant.

Nous arrivons, après une montée impressionnante de quelques centaines de mètres de dénivelés, à l’entrée d’un jardin de cinq hectares qui surplombe une vallée vierge de construction et refuge, nous l’apprendrons plus tard, d’un gardien sacré, Drago. (Dragon)

Toto, un ami d’Aldo, vient à notre rencontre et nous guide. Nous descendons sur nos vélos chargés, un chemin en terre très escarpé, dans une végétation luxuriante. Nous plongeons littéralement dans un univers singulier. Arbres centenaires, agaves, aloès, absinthes, sauges, romarins, immortelles et milles autres plantes, plantées, en pots ou en vivarium. Luxuriance et fraîcheur. Nous rencontrons Aldo pour la première fois devant sa petite maison en bois, à l’ombre, protégée par de grands arbres. Ail, absinthe, oignons suspendus, pierres semi-précieuses, petites compositions artistiques naturelles ponctuent la terrasse, elle-même en mosaïque. Quelques tables et bancs en bois brut, invitant de toute évidence à la rencontre, la réflexion, la détente, l’échange.

Aldo ne semble pas pressé de nous parler. Il préfère la rencontre autour du repas. En guise d’introduction, nous partageons donc un repas animé et joyeux (lire notre brève: Aldo, l’artiste sublime les plantes dans l’assiette). Toto, trilingue, ancien skipper et animateur du Club Med, grand voyageur pendant près de 50 ans, anime allégrement la discussion. Luisa, sicilienne de 36 ans venue travailler avec Aldo pendant une semaine s’affaire à nous présenter les plats fleuris. Nous entrons très progressivement dans leur monde, presque emportés par le chant de la langue sicilienne que nous ne comprenons pas toujours.

Après une bonne sieste, Aldo se propose de nous faire visiter le site. Nous découvrons en contrebas du domaine face à la vallée, la maison du Dragon et le séchoir de plantes. Egalement discrètement positionnée, la cabane dédiée aux massages perchée sur un vieil olivier de plus de 500 ans (lire notre brève: Méditation, concentration, contemplation), un calendrier astral de plusieurs mètres de diamètres, une pépinière de jeunes plantes, le jardin potager…Aldo nous parle un peu de lui mais surtout de ses plantes, une collection de plus de 500 espèces (lire notre brève: « Pratique raisonnée d’une agriculture pérenne »). Il presse constamment sur notre nez, sa main aromatisée pour nous faire découvrir des arômes nouveaux, surprenants de sauges, absinthes, thyms que nous ne connaissons pas. Toto qui nous suit, s’amuse de notre émerveillement.

De retour, Aldo nous fait entrer dans sa maison de hobbit, fioles, bouteilles d’huile, teinture mère, gravures sur bois, peintures, photos de mandragore recouvrent les cloisons.

Nous expliquons notre projet. Sans vraiment écouter, Aldo nous ouvre ses portes et nous propose de nous installer dans une petite maison de notre choix. Nous posons la condition de pouvoir travailler. Nous nous installons dans la maison du Dragon….

Nous allons passer huit jours avec Aldo, herboriste (lire notre brève: « Herboriste, alchimiste et Shaman »), agriculteur, poète, sculpteur, archéologue (lire notre brêve: Aldo Bongiovanni: dialogue avec le monde invisible), écologiste, passionné de mythologie, masseur, philosophe, cuisinier, à la recherche perpétuelle de l’équilibre.

Nous avons rencontré Aldo et son monde incroyable pendant le travail, nos repas, nos moments de détente. En taillant le thym ou les absinthes, en préparant un repas pour un groupe de touristes venant le visiter, en plantant fleurs et légumes dans son jardin maraîcher, en écossant les aulx, en participant à la confection de ses sachets pour la vente, en philosophant sur le monde et ses enjeux, dans son laboratoire, en riant, et tant d’autres choses encore. Nous vous proposons ici quelques brèves, en guise de petites ouvertures sur les différents mondes d’Aldo, bien trop complexes pour en faire le tour ici. Juste peut être vous donner envie d’aller le rencontrer….ses petites maisons merveilleuses se louent ou s’échangent contre travail et une participation pour l’eau, denrée rare et précieuse ici….

Après une semaine chez Aldo, nous sommes repartis en pleine forme, soignés de tous nos petits maux, mais surtout très inspirés…triste de le quitter mais tellement reconnaissants de le connaître aujourd’hui.