Semaine 37 – Civilisation grecque bienvenue! Tekirdag-Thessalonique 547 km (+160 km en bus)
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Thessalonique, 14 septembre 2022
Impossible de sortir d’Instanbul à vélo!
Nous avons quitté Istanbul le 8 septembre, levés à 3h30 pour prendre un bus qui va rouler 80 km pour contourner la ville par le Nord et nous mener de l’autre côté de la rive à 12 km à 7h30, alors que nous aurions pû traverser en 20 minutes le Bosphore aux aurores avec les multiples ferries. Petit échantillon du niveau de conseils dont nous avons bénéficié tout au long de notre épisode turc!
Nous avons effectivement décidé de ne pas quitter la ville à vélo, ville impraticable, selon notre expérience et les dires de nombreux cyclistes jeunes et téméraires qui nous ont également déconseillés l’entrée et la sortie de la ville. Trop de traffic, trop d’autoroutes, interdites ou dangereuses pour les cyclistes, il y a pourtant des pistes cyclables sur les brochures. Dans les faits, nous en enprunterons une seule dans le quartier chic de la rive asiatique de Fernabahce.
Nous nous retrouverons donc sur la route en direction de la Grèce à Tekirdag, 160 km d’Istanbul rive Ouest, début de la route à 4 voies praticable à vélo, le bord de la mer de Marmar est impossible et dangereux, ainsi que nous l’avons déjà expérimenté sur 300 km de bord turc de la mer noire.
Une campagne turque très agricole
La frontière d’Ipsala est à environ 120 km de ligne droite d’une 4 voies monotone, dont les seules distractions seront les côtes et les descentes, sous un soleil de plomb. L’agriculture de céréales de printemps est à l’arrêt, les récoltes du moment sont les tournesols.. Nous traverserons des villages d’un ennui douloureux, animaux enfermés sauf les moutons, misère, carcasses de machines agricoles, abreuvoirs submergés de fumier secs, bref pas la grande ambiance.
Bivouac de Kesan, côté turc, à 20 km de la frontière grecque, sous haute surveillance anti-migration. Nous sommes sur un champs de blé, cachés des routes derrières les haies. Soleil levant vers 7 heures, il fait déjà chaud.
Grosse production d’huile de tournesol dans la région, avec la mer, grosses inversions thermiques nocturnes, générant des rosées et le besoin de sècher les graines. Toutes surface est bonne, y-compris celles des bords de route, parking de station essence….
La frontière greco-turque d’Ipsala- toujours pas la grande ambiance!
Côté turc, une ligne droite d’autoroute à 6 voies, permettant de stocker au cas où les voitures et camions, un poste frontière turc digne d’un camp retranché, additionné d’un camp retranché pour migrants immaginons-nous. 6 postes à franchir tout doux, barbacanes, barrières, tampons, caméras, barrières, barreaux à perte de vue. Nous passons en doublant des files de voitures et camions à l’arrêt, pas un mot. Gros soulagement quand on arrive à traverser une rivière symbole de la frontière géographique avec la Grèce. Côté grec, également des militaires, le doigt sur la queue de détente une ambiance « tendue ». Tout cela au milieu d’un delta dédié à la culture du riz. Cela aurait pû être romantique, c’est un endroit que nous nous sommes empressés de quitter!
Passer à vélo en Grèce après 1 mois de Turquie, c’est un peu comme partir en vacances après une année de travail. Fini les surveillances policières, les caméras, l’ennui, la discipline contenue, les appels de muezzins, les femmes voilées, les villages sans femmes…… retour à la vie, nous allons denouveau croiser des vélos, entendre de la musique, choisir entre plusieurs itinéraires, tous asphaltés, Fini le stress de se faire frôler par un camion toutes les 5 minutes. Les terrasses sont de retour, les guinguettes, les bistrots sympas, quel plaisir de revenir en Europe! (La Géorgie c’est aussi l’Europe).
Retour à la diversité des panoramas
Nous choisissons de longer la côte de la mer Eggée, route droite et plate dans les deltas, route qui navigue dans les collines, avec des panoramas splendides. Une nature jardinée, pas de grosses agressions industrielles, routières et surtout immobilière. Nous sommes déçus en bien comme disent les vaudois, par un terroir relativement authentique, préservé des grandes spéculations et grands programmes politiques d’amménagements comme nous en avons tant vus en Turquie ou en Espagne…
Et la nature dans tout cela?
Nous ne traverserons pas forcément des régions de cultures biologiques, mais l’agriculture reste dans cette partie relativement humaine, quasiment tous les oliviers sont taillés à la main, sans trop de Roundup pour griller les mauvaises herbes. Petites parcelles bien soignées, irriguées à 50%, une agriculture vivrière qui reste acceptable à nos yeux, même si on peut fair mieux. Des fruits à vendre le long des routes. Les raisins de tables sont magnifiques à la vue, mais sans goût (5kg/m2 contre 1kg chez nous dans les vignes qualitatives). Peu d’animaux, en dehors des moutons. Nous retrouvons la majorité des pauvres chiens attachés courts, à la niche, quelques autres errants et maigres, les derniers applatis sur les routes. Dans les deltas, des cultures de riz, sur les collines des cultures de coton qui sera exporté en Turquie championne du tissage et de la confection ( pour rappel un T-Shirt coûte 2.5 euros en Turquie – 20 euros en Grèce, 30 euros en Suisse en version bio chez Coop Natura)
Une mention spéciale pour 2 plantes qui nous ont fait très plaisir: pour Cécile une profusion de Gâtillier, Vitex agnus castus, oestrogène-like, sur cette côte, c’est la plante reine, elle pousse à couvrir tous les talus de bord de route chez-nous max 1 mètre de haut, ici, des arbrisseaux de 5-6 m de haut et de diamètre.
Pour Philippe, son grand plaisir: celui de voir des Micocouliers adultes, qui font pâlir les pauvre individus que l’on plante en Suisse dans les villes, car leurs racines ne détruisent pas les routes et il ne faut pas les tailler…. mais les pauvres ils végètent complètement en manque de lumière, chaleur… amour.
Côté vieilles pierres, l’embarras du choix!
Nous avons aimé le lion d’Amphipolis. Erigé en 400 avant JC en hommage d’Alexandre le Grand pour son ami, l’Amiral Laomedon de Lesbos- ce vieux lion a été restauré depuis, mais il est toujours impressionnant du haut de ses 6 mètres et nous accueille en pays de Trace.
Au final notre parcours que nous avons crû original, est celui de la Via Egnatia (Istanbul-Corfu), tracé pluri-millénaire, emprunté sur 1000 kilomètres par toutes les armées ayant envahi l’Europe depuis le Moyen-orient. cette voie a été reconstruite par les romains et nous en avons trouvé des vestiges au dessus d’Alexandropoulis, en plein nature, magique, la densité de l’empierrement est telle que rien ne pousse dessus, 2500 ans après sa construction!!!
Finalement, nous devenons pro-européens!
Ce parcours « grec » a été notre cadeau de bienvenue en Europe. Une ode à la vie retrouvée, surtout sous l’ombre des platanes millénaires du village de Maronia (Alexandropoulis), village d’altitude qui domine le delta de Fanari, village accueillant, sous une terrasse naturellement ombragée une guinguette climatisée avec une source glacée et une moussaka d’aubergine tout-à fait recommandable!
La suite du parcours sera la route vers les Météores de Kalambaka!