Semaine 3 – Portugal – Sous les chênes lièges de Portalegre, des plantes aromatiques… 0 km
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Après le vélo….
Le boulot…
Notre hôte Carlos Nogueira, propriétaire-exploitant de la Quinta Monte das Aromaticas, située à Monte Carvalho (5 km de Portalegre 650 ms d’altitude), nous met immédiatement au travail, et répond à toutes nos questions et curiosités!
Dès le lendemain de notre arrivée, à 8h00 nous participons à la donnée d’ordres puis à la journée de travail qui se terminera vers 17h30 à la tombée de la nuit. Cette semaine nous permet de découvrir l’agroforesterie adaptée aux médicinales et aromatiques, dans cette PME, au delà de l’atelier d’herboristerie (lire notre brève: Monte das Aromaticas – une quinta dédiée à la production et semi-transformation de plantes médicinales.)
Les enseignements de la semaine:
- Le secteur des plantes aromatiques et médicinales après avoir été en pleine expansion, soutenue par des aides gouvernementales depuis les années 2010, est en pleine régression, les acheteurs européens s’étant tournés vers des marchés étrangers plus rémunérateurs comme l’Asie ou le sous-continent indien. La main d’œuvre portugaise rémunérée entre 5 et 7 Euros de l’heure, est chère pour l’agro-business. Cette situation n’affecte pas notre hôte qui, fort d’une maîtrise de sa qualité, de son label BIO certifié par Ecocert et de ses contacts étroits avec des acheteurs fidèles à des produits européens, réfléchit à s’agrandir en terme de surfaces mise en culture et de densification des productions.
- Produire BIO s’est bien, pour autant que vos voisins ne pulvérisent pas des pesticides qui s’envolent et polluent vos cultures.
- Travailler à la main, c’est bien mais utiliser le transfert technologique de machines d’un secteur industriel pour les appliquer à l’herboristerie c’est s’éviter des centaines d’heures de travail manuel, tout en préservant la qualité des plantes. Nous avons découvert le tamis, gravitaire, les cisailles électriques, le peigne secoueur à olive destiné au premier dégrossissage de l’émondage des récoltes, la machine à récolter les cultures telles que le thym, (identiques à celles utilisées aux Azores pour récolter le thé (Camelia chinensis).
- La course à l’économie d’eau: toutes les cultures sont irriguées par goutte-à-goutte.
- La fin des bâches plastiques pour les cultures BIO.
- Le splendide travail de la terre en agroforesterie sous des chênes liège séculaires.
- La dynamique d’une équipe soudée de collaboratrices et collaborateurs aimant leur job, même si c’est le 3ème dans la journée pour des journées qui dépassent souvent les 12 heures de travail.
- Le positivisme permanent de notre hôte et de son équipe.
Notre hôte nous fera goûter les joie des horaires de travail dépendant des commandes, de la bonne météo et du rattrapage de planning de travail. En patron avisé et prévenant, il nous motive en nous soignant, nous dorlotant, les pauses sont l’occasion de découvrir les spécialités culinaires de la région. Il nous sélectionne le meilleur des restaurants du coin en allant chercher des spécialités locales fraîchement préparées. Le soir, avant de nous laisser disposer de sa maison, il nous prépare un petit feu et s’assure que nous mangerons quelques mets au frigo. Cette expérience de don contre don est pour nous nouvelle. Nous ne sommes que rarement entrés chez quelqu’un en nous mettant à son service. Nous sommes contents de pouvoir nous sentir utiles et de rencontrer presqu’intiment des personnes merveilleuses. En tant que « vieux suisses », nous devons avouer que nous ressentons aussi parfois un peu de gêne, dans cette intrusion.
L’ambiance de travail et l’atmosphère sont particulièrement conviviales. Les collaborateurs sont joyeux, toujours accompagnés d’un chien ou d’un chat tout au long de nos déplacements sur les 4 hectares.. Pause de dix, treize ou seize heures, en soirée, nous sommes soutenus, encouragés, débriefés par les vrais propriétaires du lieux.
Raquel c’est une personnalité remarquable, bergère d’un troupeau d’une trentaine de moutons et chèvres, qui s’en occupe matin et soir, avant et après le travail des aromatiques, les traire, les faire paître dans un pâturage situé 150m d’altitude au-dessus de Monte das Aromaticas. Accompagnés de ses 4 chiens qui viennent la chercher à seize heures tapantes, c’est un tableau bucolique et touchant, que de voir tout ce petit monde se déplacer sous les frondaisons des chênes lièges protecteurs, dans un paysage qui aurait pu servir de support au tournage du film »Le seigneur des Anneaux ».
Mercredi 25 janvier, 2022. Carlos et sa compagne Raquel nous proposent une après-midi touristique à Marvao et région. Petite pause bienvenue! Raquel, ancienne guide touristique et représentante en vin de l’Alentejo, se fait un plaisir de nous présenter les villages qu’elle adore et qu’elle sait mettre en avant et nous parler avec passion des traditions locales. Pour bien démarrer l’après-midi, nous commençons par un petit repas que nous terminons avec un petit vin doux de griottes. Un délice.
Puis joyeusement, nous partons visiter la forteresse spectaculaire de Morvao/Marvam, édifiée depuis la nuit des temps sur une crête stratégique regardant l’Espagne. Un village digne des Baux de Provence ou de Gruyère, touristique certes, mais magnifique, authentiquement entretenu et restauré. A ne pas manquer!
Manque d’eau – réchauffement climatique incontesté:
Les mois de janvier et février sont en principe les mois de pluie et de constitution des réserves d’eau. Depuis que nous sommes arrivés au Portugal pourtant pas une goutte de pluie! Aucun stress pour les touristes, mais les agriculteurs s’inquiètent, les réserves d’eau ne sont pas constituées pour passer une saison d’irrigation convenable. Même si toutes les cultures sont sous irrigation, alimentées par des barrages ou des puits, les ressources en eau sont limitées. Clairement les températures sont plus élevées en cette année de presque 10 degrés, ce qui demande à la végétation une plus grande période d’activité et la fragilise. Si les précipitation du Pied du Jura sont d’environ 1100mm d’eau par an et par m2, à la baisse en moyenne sur la dernière décennie, la pluviométrie moyenne de l’Alentejo est de moitié soit 500 mm/m2/an. Notre hôte, s’il est inquiet, reste serein, ses cultures sont protégées par les grands arbres, et l’eau sort naturellement de la montagne, mais actuellement avec des débits réduits de moitié par rapport à la normale. Il constate aussi que les mauves fleurissent toute l’année, ce qui est nouveau.
La météo est fraîche la nuit et le matin, nécessitant un bonnet et des gants, mais de 10h à 16h nous sommes en bras de chemise, ou en doudoune, si nous travaillons à l’intérieur.
Sous ce régime de températures étonnantes, la Suisse est loin, le Covid aussi, le téléphone et les courriels sont inexistants, jusqu’au soir, heure de l’apéro devant la cheminée, où l’on regarde ses courriels. La cheminée c’est indispensable dans une vieille ferme accrochée à la montagne, murs humides, température intérieure proche de 15 °C qui a besoin d’une belle flambée pour activer le chauffage central. (Circulation d’eau chaude dans des radiateurs alimentés par un réservoir couplé à la cheminée/insert). Système très efficace!
Depuis 3 semaines nous vivons en plein air, roulons et travaillons avec des corps qui ont du mal à suivre. Bien que relativement sportifs, nous sentons que nos années de bureaucrates pèsent sur nos squelettes. Petit à petit, nous voyons nos profils changer, se redresser, mais dans la douleur d’abord. Puis nous avons plus de plaisir et de facilité à escaler une pente à vélo ou à passer le motoculteur toute la journée. Mais les nuits sont parfois encore longues car nos organismes ne sont pas vraiment habitués à ces journées de plein air et craquent et crient misère à l’heure du repos.
Nous profitons des soirées pour assurer la suite du voyage, soit la prochaine grande étape espagnole de février, et le programme russe de mai à juillet, les Visa sont prêts à être expédiés depuis la Suisse.
Lundi 31 janvier, départ à vélo, chargés pour Elvas, située à 60km au Sud, direction l’Espagne.
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