Paysages siciliens en sursis

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Aragona, 30 avril 2022

Sorti de Palerme (Compter 30 kilomètres), la campagne se découvre. Magnifiques perspectives, encadrées par des collines, des falaises, des crêtes rocheuses. Derrière ce paysage enchanteur, nous sommes dubitatifs sur la pérennité des lieux.

Sur les hauts de Prizzi, altitude 900 mètres, champs de blés bien arrosés d’engrais azoté ce qui les rend très verts.

C’est magnifique: Plus on progresse dans les terres en prenant de l’altitude, plus on découvre l’infinité des collines. Un détail choque cependant. Nous sommes fin avril, tout est vert, et deviendra rapidement jaune ou brun sous l’effet des chaleurs estivales. Le paysage ne sera plus davantage vert pour cette année. Aucun arbre à l’horizon hormis quelques remarquables réserves, parcs nationaux (Nous traverserons le Bosco del Ficuzza en direction de Coleone, surplombant une digue assurant l’approvisionnement en eau pour la région et une partie de Palerme).

Où sont les arbres?

De récentes études de carottes de glaces (1980) issue des pôles démontrent une intense activité de l’industrie du fer dès 800 ans avant Jésus-Christ. Les premières conclusions des scientifiques, parlent de la perte des grands arbres de Sicile comme de tout le pourtour méditerranéen dès -300 avant Jésus-Christ (lire l’étude de « bois et déboisement en méditerranée antique par William V.Harris 2011) Sur 150 km de route secondaire, un seul bois de 10-15 km traversé! Pas un arbre, très peu de buissons, même le fond des vallées est sans arbre le long des « fiume », rivières très larges quasi sèches qui deviennent torrentueuses lors de forte précipitations, seules portions de territoire laissées quasi à la nature. Nous sommes sur un territoire qui compte une très forte densité de population, ceci depuis longtemps (densité de 200 habitants au Km2 comparable à la Suisse pour faire simple). Une densité qui a rendu la terre agricole rare, les villages en sont pas étendus comme les supermarchés dans la plaine du Rhône valaisanne, ils sont perchés sur les crêtes, pour des questions clairement défensives, mais également de préservation de surfaces agricoles.

Si les arbres sont absents, c’est qu’ils ne peuvent pas pousser en Sicile?

Pas sûr, nous rencontrons des pins maritimes, pins d’Alep, pins parasol, eucalyptus, mûriers, cyprès sempervirens, châtaignier (Dont un doyen de 3000-4000 ans sur les pentes de l’Etna Châtaignier des 100 chevaux).

15% du territoire était couvert de forêts en 2000, mais depuis la déforestation continue (cf Stat) avec une dégradation de 5.8% ces 20 dernières années (Source Global Forest Watch via imagerie satellite)

Il commence à faire chaud dans le Sud

Certes 2400 alertes au feu en 2021 doivent compliquer la tâche de ses pauvres arbres, le vent également sur les côtes et sur toutes les hauteurs, mais force est de constater le peu de nouvelles plantations, ou carrément l’absence de plantation d’arbre. Leur absence pourrait se faire remarquer par 2 aspects: l’augmentation des températures dans l’île, et les glissements de terrain.

48,8°C le 30 août 2021 à Floridia, tous les producteurs nous en parlent, ils songent à faire évoluer leurs pratiques culturales, mais n’ont rien véritablement entrepris en dehors d’une irrigation au goutte pour certains. Les lieux avec forêt accusent une diminution en moyenne de 10°C. Les paysage du centre de la Sicile sont exempts d’arbres que l’on se le dise.

Glissement de terrains

150 km de vélo, 150 km de glissement de terrains, de routes en cours d’effondrement côté aval de la pente. La voirie pose des gabions pour retenir les chaussées, mais ce placebo ne dure que quelques années. A chaque grosse pluie, le tracteur pousse la boue de côté

Pont effondré sur la fiume devant Casteltermini

L’agriculture locale ne semble pas faire beaucoup d’effort pour enrayer le phénomène de glissements de terrains.

Tracteurs lourds travaillant dans le sens de la pente, ruisseaux secs au milieu des cultures sans génie pour ralentir les flots des grosses pluies, aucun arbre planté à part de rares initiatives de privés le long de leur route d’accès qui démontrent que les racines arrivent à fixer une couche de matériaux meubles glaiseux d’environ 1 mètre d’épaisseur. Toutes les haies sont supprimées. Un seul tracteur léger de montagne, garde au sol basse rencontré en 4 jours.

Les oliveraies sont super labourées permettant à l’eau de s’infiltrer certes mais aussi lors des fortes pluies de faire glisser les limons en aval des parcelles à la terre découverte.

C’est dur de voir tout cela, car un petit effort de tous permettrait d’améliorer grandement la situation, il y a de l’eau en Sicile avec l’activité volcanique et certainement des remontées d’eau issues de cette activité.

Les pâturage sont fabuleux, riches en densités florales et nous avons eu un plaisir fou à voir de beaux troupeaux.

2 réponses

  1. Thanks for your blog, nice to read. Do not stop.

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