Les Açores, brève vue d’ensemble du développement agricole

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Les Açores : un sol généreux et fertile, dénaturé par l’hyperspécialisation et la monoculture depuis des siècles. Un héritage désastreux pour la biodiversité, les connaissances culturales et les habitudes alimentaires.

L’archipel des Açores, le groupe des plus jeunes îles de l’ensemble Macaronésien,  qui  s’étend sur neuf îles, se situe dans l’Atlantique Nord à 1 500 km du continent européen et à 3 900 km de l’Amérique du Nord. Il se déploie en diagonale à la même latitude que la capitale portugaise, Lisbonne.

L’archipel, d’origine volcanique, émerge au croisement de trois des plus grandes plaques tectoniques du monde: l’américaine, l’eurasiatique et l’africaine. L’activité volcanique y est importante. Le courant chaud du Golfe maintient les eaux de la mer à une température moyenne comprise entre 16 °C et 25 °C, conférant à l’archipel un climat océanique subtropical, avec des forêts et de la végétation arbustive humides. Les Açores se caractérisent par des précipitations régulières toute l’année (1 930 mm (donc 2 fois plus que dans notre Jura), par une faible amplitude thermique avec de temps à autre des phénomènes météorologiques catastrophiques (tempêtes, vents violents, pluies torrentielles) et par l’existence de nombreux microclimats locaux dus au relief montagneux. De même, l’isolement géographique des îles et leur relief volcanique donnent lieu à une grande variété de biotopes, d’écosystèmes et de paysages.

La roche des Açores est composée de basalte, andésite et trachyte (roche volcanique explosive riche en feldspaths alcalins et avec teneur en silice assez élevée.). Les sols sont classés comme des Andosoles, La capacité d’échange ionique est relativement haute, un élément qui donne un sol très fertile.

La laurisylve constitue la base des forêts et héberge un grand nombre d’espèces animales endémiques. De plus de 300 espèces endémiques d’arthropodes (essentiellement des insectes), environ 582 espèces et sous-espèces de vertébrés marins (raies manta, requins, tortues marines) et 71 espèces et sous-espèces de vertébrés terrestres. On y dénombre ainsi quelque 40 espèces d’oiseaux nicheurs. L’Unesco a conféré le statut de réserves de biosphère à trois îles de l’archipel: Corvo, Flores et Graciosa. Seize pour cent du territoire terrestre tombe ainsi sous un statut de protection naturelle, faisant des Açores l’une des régions européennes comptant le plus grand pourcentage de zones classées de l’Union. Enfin, les Açores appartiennent au Réseau européen des Géoparcs dont le but est de protéger la géodiversité, de promouvoir l’héritage géologique et de soutenir un développement économique durable.

Depuis la découverte de l’archipel cependant (environ 1350), les forêts qui recouvraient majoritairement les îles furent en grande partie abattues pour accueillir les nouveaux habitants venus du Portugal.

Nonobstant, une bonne partie de l’archipel est couverte d’une végétation luxuriante. Les différents écosystèmes terrestres des Açores sont décrits en détail dans le livre « Natural history of the Azores (histoire naturelle des Açores) » écrit par António Neves Trota et Maria João Pereira. La surexploitation du sol a cependant réduit de manière importante les espaces sauvages et seules 60 plantes endémiques sont encore visibles dans les hauts des montagnes, dans les lieux inaccessibles, les cratères et sur les falaises abruptes. (Flora of the Azores, a field Guide, Hanno Schäfer, 2005, Margraf publishers).

Un élément marquant du paysage est constitué par les haies d’hortensias, de camélias ou d’azalées qui bordent les routes et délimitent les propriétés. Il s’agit là de plantes qui ont été introduites.

Les Açores sont rapidement devenues le grenier du Portugal et les grandes monocultures coloniales d’exportations de blé se sont très tôt développées, causant fréquemment famines et reste à ce jour un problème majeur tant pour la population que pour la nature. Cette surexploitation du sol a un impact sur les récoltes qui ont diminué. Au 17ième siècle, sont introduit le maïs (Zea mays), les patates douces (Ipomea batatas), et l’igname (Colocasia esculenta). Ces cultures substituent la consommation de blé et devient la base de la nourriture. C’est au 19ième siècle que la culture de la vigne prend de l’importance, en particulier sur les îles de Pico et Faial.  Dans les années 1850, de grandes maladies de la vigne tel que le poux de la vigne font d’énormes ravages et obligent les producteurs à s’exiler au Brésil. De nouvelles espèces de vitis sont néanmoins introduites, plus résistantes mais les quantités et la qualité premières ne seront jamais plus retrouvées. Le 18ième et le 19ième sont également une période de forte exportation d’oranges, en particulier au Royaume-Unis. Les oranges d’Espagne, de France et d’Italie, moins chères, supplantent cependant le marché dès la fin du 19ième siècle. De nouvelles cultures sont développées : ananas, thé, chicorée, tabac et le chanvre mais dans de petites proportions. C’est à partir de cette période, que l’agriculture se spécialise dans la production de lait, produits laitiers et viande de bovins. Aujourd’hui encore, les programmes européens subventionnent drastiquement cette activité.

A ce jour la forêt représente 30% de la superficie totale dont une bonne partie est replantée à des fins commerciales avec l’acacia ou un conifère asiatique, le cryptoméria du Japon. 50% du terrain est relié à l’exploitation agricole et est constitué de prairies et de pâturages permanents, ce qui est idéal pour l’élevage extensif. Les cultures de maïs vert destiné à alimenter le bétail complètent cette utilisation du sol. Les structures de production sont de petites tailles, familiales et composés de propriétaires âgés. Les producteurs pouvant rarement vivre de leur production agricole, complètent leur revenu grâce à d’autres sources (activité touristiques, petit commerce).

Ces activités sont la colonne vertébrale d’un complexe industriel agroalimentaire et forestier qui constitue l’un des principaux moteurs de l’économie régionale. La culture de betteraves sucrière, de pomme de terre, de l’igname,  de la banane, de l’ananas, du thé et de l’horticulture sont très adaptées au climat des Açores mais faiblement représenté en %.

L’agriculture biologique demeure très modeste, avec à peine 620 ha.

Cette très longue histoire de monoculture et d’hyperspécialisation se retrouve tristement dans la cuisine locale et les épiceries et commerces. Que ce soit sur l’île de Flores, St George, Faial ou Pico, les étals de fruits et légumes sont timides et cachés derrière les infinies étagères de produits conditionnés, boissons sucrées, produits ménagers en provenance des Etats Unis ou de l’Europe. Une fois débusqué, les oranges sont made in Spain, les avocats made in Perou. Une aubaine de trouver quelques jolies bananes des Açores.. !

Les petits restaurant traditionnels offrent d’excellents plats de viande et de poisson, accompagnés le plus souvent de frites ou autres manière de préparer les pommes de terre produites en Belgique. Les quelques végétaux en guise de petite garniture sont fades souvent congelés « Pescanova » – espagnol ou , provenant d’une lointaine serre, cueillis non mature pour ensuite supporter un long transport en bateau.

La situation économique difficile et différentes catastrophes naturelles ont donné lieu à plusieurs mouvement d’immigration. A ce jour, les îles compte près de 240’000 habitants (et une diaspora de près d’1 million de personnes). Ce chiffre est à ce jour plutôt légèrement en baisse. Le nombre de bovins vivant sur l’île est équivalent…

L’expérience du COVID semble avoir généré une légère reprise de conscience du produit local. Nous avons découvertes avec plaisir quelques petits restaurants qui développent de nouveaux plats mettant en valeur tant les produits locaux que les plantes sauvages, (Fonte taverne à Lajes do Pico par exemple ou La taverne à Horta qui utilise des champignons locaux). On observe de plus une réémergence timide des marchés, épicerie locale bio (Ex. Flores, Madalena, Faial). Ces nouvelles initiatives sont souvent du ressort des jeunes formés sur le continent et qui reviennent auc Açores avec de nouvelles idées.

Jack pense que dans les 10 ans à venir il y a aura beaucoup de changement.

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