Genève-Lisbonne en 25 heures dans une camionnette d’épicier.
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Comment rallier Lisbonne depuis la Suisse, sans rejeter trop de CO2?
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Avion: 0,89 tonne de C02 pour 2 personnes sur une distance de 1536 km ; Camionnette: 0,54 tonne de Co2 pour 3 personnes sur une distance ce 1950 km; Train: 0,17 tonne de Co2 pour 2 personnes sur une distance de 1541 km , les train sort donc gagnant, mais pas de ligne directe, compter entre 2 et 3 jours avec les changements, les bus, la nuit à Madrid après 15h de de train, donc on oublie.
Sachant que de nombreux épiciers portugais assurent chaque semaine une navette vers le Portugal, nous avons opté pour cette option de greffer notre fret en marge des transports vers Lisbonne.
Un simple coup de téléphone, le prix est le même que celui de l’avion et nous voilà partis, lundi 10 janvier, nous quittons Genève vers 18h30.
Nous nous sommes laissés conduire par Paolo, chauffeur professionnel portugais. Il vit au Portugal et, une fois par semaine, monte du matériel en Suisse et redescend au pays à plein, 25 heures le trajet simple, 2 heures de sieste comprises. Il adore sa vie de chauffeur, libre…2 téléphones à portées de main, un pour visualiser en live les routes prises par ses collègues, un autre pour communiquer avec son boss et ses amis.
Notre fourgonnette pèse 7,5 remorque comprise. Paolo maîtrise sa route. Il préfère prendre les départementales en France, moins chères, mais surtout plus fluides et mieux entretenues. Dans le langage routier, c’est la route du Centre que nous avons prise: Mâcon, Moulins, Angoulême, Bordeaux. Paulo apprécie particulièrement les autoroutes en Espagne, les plus confortables et gratuites, son application lui permet d’éviter tous les radars.
Nous découvrons que les routiers ont toujours leurs restos dédiés, hors des autoroutes, jamais indiqués mais toujours pleins, ouverts 24h00 sur 24h00. Menu complet, entrée, plat carné très copieux, dessert, bouteille de vin et bouteille d’eau, entre 10 et 11 euros. Service rapide et impeccable. Les clients parlent toutes les langues européennes, parlent forts, mangent ensemble et vite, rare sont ceux qui restent seuls à table, tous le même gabarit, costauds, un paquet de clope pas loin. Un plat végé et un smoothie détox seraient certainement plus adaptés à ces nomade cloués sur leur fauteuil rembourrés sur ressort..
Notre chauffeur Paulo, habitant dans la région de Varga, située sur l’axe Valladolid/Lisbonne.
Sortie Sud de Bordeaux, sur une aire de repos bourrée de semi-remorques, sieste courte de 4h00 à 6h30 dans la cabine avec une couverture légère pour Paolo, soulagement pour nos oreilles qui sont attaquées tout le trajet par une musique assourdissante, en complément du Red Bull, cigarette, café, coca Cola, un cocktail efficace pour éviter la somnolence. Réveil, à 6h30, nous assistons au changement des équipes de chauffeurs roumains débarquant d’un bus pour assurer la relève des chauffeurs du parcours Nord. Les gars descendent avec leur baluchon et hop, montent chacun dans un des multiples camion situé sur l’aire de repos. la marchandise ainsi ne s’arrête jamais, les chauffeurs se relayant sur les machines.
Au petit jour dans un brouillard des plus épais , nous traversons les landes sans rien apercevoir, puis arrivons dans un pays basque français et espagnol détrempé par de multiples pluies, gaves en crues couleur boue rouge. Sur le bord de l’autoroute les premiers mimosa sont déjà en fleurs. Après San Sebastian, montée sur les contreforts des Pyrénées, pour atteindre le plateau de 500-700m d’altitude qui nous mène sur Valladolid. Paysages agricoles linéaires, agriculture intensive, sans animaux, sans arbres, que le vent, sur un terrain qui semble très pauvre, biodiversité à revoir sur 300km. Par moment, des piles de surplus de paille sans abris 8m de hautx20mx20m, dont on ne sait que faire, normal, il n’y a pas d’animaux et apparemment pas d’agriculture bio qui saurait valoriser ce précieux fourrage. Aux alentours de Burgos, on bifurque sur la droite direction le Portugal et ses vertes collines. Premières fincas avec des chênes verts, chênes lièges.
Nous apprenons au détour d’une discussion que la voiture immatriculée en Suisse que nous tractons doit être réparée. 2000 euros l’aller et retour au Portugal pour couvrir les frais de transport représente pour le propriétaire de la voiture une économie de plusieurs milliers de francs pour un service technique sans faille, garantie de deux ans. Ainsi, la diaspora lusophone paye demi tarif ses réparations lourdes de véhicule. Côté maritime, les gros navires portugais eux, partent en Inde se faire bichonner, même type d’économie. Bien vu mais écologiquement questionnant…
La frontière passée au dessus de Varga, l’autoroute va méandrer jusqu’à Lisbonne dans un coucher de soleil, nous rappelant que Mollens et sa vue sur le Mont-Blanc, n’est pas l’unique spot sur terre! Arrivée à 21h dans le quartier d’Almada, situé sous le »Christ Rey » statuaire dominant le Tage à droite du pont suspendu traversant l’estuaire à une hauteur de 50 mètres. Nous trouvons la charmante maison de Rui et sa femme Sonia, Rua Dr. Herculano Pires, intellectuel de gauche résistant au fascisme des années noires du Portugal, fondateur du parti socialiste portugais. Nous trouvons Monsieur Jasmin, chat mâle européen, gardien de la maison, qui ne nous lâchera pas de la nuit.
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