Corfou de Cyprès et d’Oliviers

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Agios Gordios, 26 octobre 2022

Le choix de Corfou c’est imposé dans notre périple par sa situation géographique, passage obligé entre la Grèce et l’Italie la prochaine étape du retour.

Aucun objectif lié aux plantes, et pourtant…

Nous avons pensé « plantes » durant 10 mois, sans compter les deux ans de préparation. Nous n’avions aucune attente sur Corfou en matière de botanique, d’agriculture, de conservatoire etc.. et les plantes ne nous ont pas abandonnées pour autant. L’arrivée au port de la ville éponyme est conforme à tous les ports, faisant la part belle à leur destination d’origine, le commerce, le transit, la protection en un mot l’urbanisation.

Arrivée au port de Corfou, 20h fin septembre le soleil vient de se coucher

Pressé de quitter cet univers qui ne nous passionne pas, nous avons quitté la ville, centre de tous les intérêts par la traversée de 10 km d’une zone industrielle ressemblant à toute autre zone industrielle, puis quittant ce capharnaüm, aux abord des côtes Ouest, en remontant vers le Nord, le bruit, le laid, l’île verte s’est progressivement dévoilée.

L’olivier est partout

Nous l’avions lu, et c’est vrai!

L’ile est couverte d’oliviers dans ses surfaces exploitées depuis la nuit des temps. Vieux oliviers de plusieurs centaines d’années, jeunes oliviers replantés dans les petites plaines, une majorité semble être issus d’une plantation massive de l’île vers 1850.

Un site évoque le nombre de 4 millions d’arbres ayant en moyenne 500 ans, certains plus de 1’200 ans comme l’arbre d’Evdokia. Certainement possible pour les 4 millions d’arbres, il y en a partout sur chaque parcelle d’une pente inférieur à 45°, y compris au bord de mer Ouest et Est. L’âge par-contre, nous paraît sujet à caution. Oui certains arbres sont vieux, mais de là à dire que tout le verger date en moyenne de 1550, cela semble un peu surestimé au vu des dix mois passés à côtoyer cette culture depuis le Portugal.

La variété reine de l’île est la LIANOLIA. Une olive qui produit une huile très riche, si elle est récoltée assez tôt, apportant un niveau d’acidité recherché dans les huiles vierges pressées à froid.

Sans entrer dans les détails techniques de production, l’olivier de Corfou, c’est le « sauvage » de la famille méditerranéenne que nous pourrions revisiter ainsi:

  • Les « esclaves » qui meurent jeunes, (Portugal nouvelles cultures, Espagne) plantés en haies, taillés à l’épareuse, cultivées avec l’amour de la science établie et incontournable des agrochimistes.
  • Les « champêtres » des pays (Italie, Corse, Albanie, Géorgie, Grèce) ayant conservé des cultures vivrières. Vergers vieux et moins vieux, arrosés ou non de produits chimiques. Ils sont souvent jardinés. Les tailles varient d’un pays à l’autre, tout comme les espèces, chaque région défend ses spécificités.
  • Les « patriarches », (Espagne- La Senia, Italie, Sardaigne, Grèce, Géorgie), pluri centenaires voir millénaires, ils sont physiquement respectés tels les vieux marabouts des villages africains. De temps en temps un coup de taille pour stimuler, rafraîchir, avec ou sans produits chimiques.
  • Les « oasis », en Espagne essentiellement, les arboriculteurs se complaisent à retirer la moindre feuille, le moindre déchet végétal, tout au long de leur vie de souffrance en les abreuvant au goutte- à goutte et aux produits de synthèse, tout en labourant scrupuleusement le sol, afin que rien n’y pousse et que l’eau, s’il pleuvait un jour, puisse pénétrer dans ce sol déserté de toute vie en surface et en profondeur.
  • Les « sauvages », à Corfou. Oubliés durant des années par des arboriculteurs ayant d’autres préoccupations, comme celle de subsister en dehors de l’île, des millions d’arbres qui n’ont pas étés taillés pendant des années et qui dépassent les six mètres de haut la taille maximale habituelle rencontrée partout. Ces sauvages sont repris progressivement en main, délicatement, ils sont rabattus progressivement pour être maintenu à une hauteur de récolte de maximum cinq mètres. Cela donne des troncs d’un diamètre d’un mètre, sectionnés vers 180 cm, desquels partent si tout se passe bien de nouvelles branches charpentières taillées pour produire des fruits sur les branches brassières retombantes.

Ces arbres plantés il y a 100/150 ans, sont devenus grands, bénis des cyclistes pour l’ombre offerte

Ces « sauvages », ont couvert le 100% du territoire, bloquant les autres espèces de sous-bois. Leur taille dépasse parfois les 15 mètres, constituant une forêt. Les routes serpentent au milieu des rangées d’arbres, sans que ni les véhicules, ni les arbres ni les cyclistes enfin à l’ombre ne protestent.

Le cyprès

Habitués à la flèche du cyprès de Toscane Cupressus sempervirens, symbole de l’Italie savoureuse, nous avons démarré notre périple en janvier par la rencontre au Portugal du Cyprès chauve par ses magnifiques sujets de l’Alentejo, trônant à plus de 15 mètres, réceptacles des nids de cigognes. A Corfou, toutes les espèces majeures de cyprès sont présentes, (macrocarpa/lambert – Leylandii). Forts de notre culture rigide, nous avons d’abord pensé que d’audacieux paysagistes avaient bien fait les choses dans le paysage local en donnant le mouvement, interrompant par la présence de grands cierges l’uniformité de la canopée constituée par les feuillus et les oliviers. Notre long séjour sur l’île nous a convaincu, que nos estimables paysagistes grecs n’y étaient pour rien.

La surprenante forêt de Corfou

Hormis, les sommets de unique montagne Nord de l’île, vierge de toute végétation, la forêt colonise tout ce qui n’est pas occupé par les oliviers, soit souvent les versants abruptes, trop raides pour les cultures. La distribution des essences devient alors un plaisir des yeux. C’est le sentiment que nous sommes dans un parc arborisé, les paysagistes ayant eu le soin de créer des mouvements, de distribuer des couleurs de feuillages, des structures de feuilles différentes pour offrir un tableau pittoresque des lieux.

Cupressus en pagaille , endémique de l’île avec juniperus et chênes pubescents et cuccifera

Photo prise un 15 octobre à 50 mètres de notre maison, sur le versant Nord d’une colline qui donne sur la mer, côte Ouest à Afionas. La crête culmine à 100 mètres d’altitude. Ce versant n’est pas cultivé car c’est une falaise quasi inaccessible. Nous y avons recensé trois sortes de cyprès, deux sortes de chênes, des frênes, des filiaires, des oliviers sauvages, des genévriers, des noyers, des figuiers. Toute la surface est utilisée, les plantes sont humectées toutes les nuits par une brise chargée de l’humidité issue de la différence de température entre la mer et la terre. Au pied de cette falaise végétalisée, un ruisseau sec durant l’été qui s’est mis à couler dès les premières pluies d’automne, offrant aux célèbres cannes de Provence (Arundo donax) une humidité bienvenue.

Des plantes, des fleurs pour se faire plaisir, même en fin de saison.

Même si Corfou reste caractérisée en automne par deux couleurs: le bleu de la mer et le vert de ses oliviers et forêts, nous avons pu identifier de magnifiques floraisons et des plantes sauvages dans leur apogée d’épanouissement.

Et puis nous nous sommes laissés émerveillés par les plantes de jardin aux couleurs pastel. Nous avons découvert l’odeur des Daturas, dont les fleurs même la nuit exaltent une saveur douce proche de la vanille.

Mention spéciale pour le Jujubier, Ziziphus vulgaris ou dattier chinois, connu pour ses vertus expectorantes, mucilages, saponoïdes, vitamines et sels minéraux

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