Au cœur des oranges de Valence

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1er mars Village de Casinos – 40 km au Nord Ouest de Valence.

Malgré la concurrence mondiale, l’Espagne est un producteur important d’oranges et autres agrumes. La région de Valence est connue pour l’espèce « orange de Valence », réputée pour son goût et sa texture, malheureusement aussi identifiées par ses récoltes « pesticidées« . Depuis 2011, l’union européenne a légiféré pour exiger que les producteurs mentionnent les traitements chimiques post-récoltes. L’Espagne a tenté de s’opposer à cette obligation sans succès. Les producteurs, s’ils souhaitent vendre leur production à l’exportation, doivent donc faire de nombreux efforts.

Un restaurateur reconverti et heureux

Déambulant dans les champs d’orangers au nord de Valence, dans la région de Lliria, nous avons rencontré un producteur d’oranges en pleine supervision de sa récolte assurée par une équipe de 20 journaliers, oh surprise « pakistanais ». Fier, il nous livre un peu sa réalité professionnelle. Lui et ses deux frères ont travaillé durement dans la restauration pour pouvoir acquérir 60 hectares d’orangers. Désormais autonomes, ils font vivre 3 familles.

Rosendo exporte toute sa production en Europe du Nord, la différence de prix d’achat est énorme, près de 2 à 4 fois supérieur qu’une vente au sein de l’Espagne. (en Espagne, 15 cts mauvaise qualité, 35 cts bonne qualité et cours élevé des oranges. 70cts pour l’export Suisse et Allemagne, marchés exigeants. Pour l’exportation, chaque lot doit être analysé et respecter des normes strictes en terme de teneur en pesticides. Malgré ce coup financier supplémentaire, l’exportation est largement et évidemment plus avantageuse. Cette contrainte l’a obligé à développer des techniques de cultures moins gourmandes en pesticides. Il broie par exemple les branches issues des tailles qu’il repend ensuite sur les terres. Ceci lui permet de renforcer l’arbre (par une meilleur qualité du sol) qui sera moins sujet aux attaques de champignons et donc nécessitera moins de fongicides /pesticides pour les insectes. Actuellement, il utilise encore trop, selon lui, de pesticides, par exemple, pour lutter contre les « mauvaises herbes » au pied des arbres. Il réfléchit à trouver une plante qui puisse faire office de couvre sol. Rosendo nous pose beaucoup de questions sur notre voyage et nous raconte son merveilleux voyage de noces, à Interlaken. Interrompu subitement par son frère qui le rappelle au travail, Rosendo nous quitte en nous offrant deux belles oranges. Il nous laisse avec les journaliers qui font des allers retours incessants et rapides entre les arbres et un camion.

Pakistanais à la manœuvre

Le responsable de l’équipe vient spontanément nous voir.

Dans un anglais impeccable, il se présente. Pakistanais, il a quitté son pays et son métier d’instituteur pour venir travailler en Espagne il y a 20 ans. Depuis il gère les récoltes pour des sociétés de commercialisation d’oranges. Avec une équipe de 20 personnes, toutes pakistanaises, payées 70 euros par jour selon lui, il va de producteurs en producteurs assurer la cueillette des fruits des champs. La technique est rôdée et rapide, l’ambiance est joyeuse, son affaire semble bien marcher. Son activité lui permet de rentrer 3 mois par année au pays, retrouver femme et enfants. Nous les avons vu charger un camion de 20 tonnes en 10 minutes, imbattable même avec le meilleur cariste.

Rapide tour d’horizon sur la culture d’oranges.

Les lieux sont spécifiques, évitant les gels, les orangers sont dans les creux de vallées, cuvettes, versant ensoleillé, le tout toujours humide ou irrigués. Les oliviers seront dans les parties plus sèches, plus ventées, pas forcément irriguées. Les mandariniers sont les plus fragiles, nous n’en avons vu que dans quelques endroits comme le versant Nord Est de la Sierra de Noquera.

Nous arrivons en fin de récolte des Lane Late et début de cueillette des Navel.

Comptez 200 kilos d’oranges par arbre adulte, l’arbre est récolté en une seule passe, tout le verger de 60 hectares sera récolté dans la semaine. La planification est assurée par les sous-traitants récolteurs, qui font le lien avec la coopérative chargée du tri – calibrage et de la commercialisation. Notre interlocuteur commercialise lui-même à quelques gros clients du Nord. Toute la région est en mouvement autour des oranges. Sur les routes, 1 camion sur 2 transporte des oranges. Aux abords des villes, de gigantesques entrepôts stockent et expédient, les parking de semi-remorques de 40 tonnes assurent un balais incessant. Certains camions ont des plaques « ukrainiennes ».

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