Malaga: la grande soif – mais jusqu’à quand?
Suivez nos aventures en recevant notre newsletter toutes les semaines, inscrivez-vous en cliquant ici puis renseignez votre nom et email.
Ou le constat d’une trop lente évolution des pratiques culturales qui n’arrivent pas à s’adapter au manque croissant d’eau
Looking4 plants, a eu le sentiment de s’être perdue ces derniers jours dans ses objectifs de découvertes de nouvelles plantes, de parler bio-productions renouvelables. Après 5 semaines de traversée du Portugal par l’Alentejo (cf. nos Newsletters 2-3-4-5) , avoir gravi, descendu les sierras magnifiques, riches de verdures, animaux, biodiversité pour arriver sur Séville, puis traversé de nouvelles sierras pour rejoindre la région de Malaga, le choc d’arriver dans une ambiance désertique d’un point de vue plantes, en bordure de méditerranée, tout en étant en Europe nous a profondément marqué.
Pourquoi cette impression de fin du monde?
Très simple: 30 à 50 litres d’eau depuis 6 mois et un déficit hydrique depuis 3 ans dans la région de Malaga (maximum 500l/m2/an contre 1100-1200l dans la région du pied du Jura).
Nous avons vu des centaines d’hectares dont la terre à nue était brûlée par le soleil, des cultures bios dont le sol était exsangue d’herbe fusse-elle bénéfique ou non aux cultures.
Malaga, nom qui faisait rêver ma grand-mère pour la qualité de ses raisins secs, ne produit plus de raisins ni amandes, comme en 1900, faute de rentabilité. Depuis les années 1990-2000, les agriculteurs se sont tournés vers les cultures irriguées à 100% d’avocats, mangues, et cultures sous serre plastique pour la production de fruits et légumes primeurs à forte valeur ajoutée sur les marchés du Nord de l’Europe.
Début 2000, tout fonctionne correctement, grosse demande, aucun problème d’écoulement, mais les ennuis démarrent rapidement, avec le manque d’eau chronique. Ouest de Malaga, région assez humide, Est de Malaga région sèche, et là , le spectacle est cuisant. Cette année 2022, 50% de la récolte d’avocats sera compromise. Nous avons rencontré une arboricultrice bio, Maria Martinez. Elle sacrifiera sa production de mangues »automne 2022 » en coupant dès à présent les fleurs de ses arbres, afin de la préserver pour l’année prochaine en évitant qu’Ils ne produisent. Faute à l’eau, pas de pluie, puits à secs, lacs à sec, nappe phréatique en dessous du niveau de la mer, qui produit une eau de plus en plus saumâtre, incompatible avec les mangues et avocats, qui sèchent sur pied – nous vous épargnons les photos.
Premières fleurs de manguiers (17.02.2022 – région Vélez-Malaga), fleurs qui seront coupées pour éviter aux arbres de souffrir de la sècheresse, en amputant volontairement par anticipation la formation des fruits.
A tous ceux qui se réjouissent de voir les fruits de leurs arbres pousser, je vous laisse imaginer le désarroi quand il s’agit de VOTRE gagne-pain.
Sur le littoral de Malaga, comme quasiment partout dans la péninsule ibérique, aucune culture n’est possible sans irrigation, sans goutte-à-goutte, sans arrosage. Les cultures que nous voyons depuis notre route, sont de grandes consommatrices d’eau (avocats-mangues…). En questionnant les agriculteurs, nous constatons qu’ils n’ont pas véritablement anticipé ce manque d’eau, pas de changement de processus culturaux (couverture systématique du sol par un paillage – des plantes couvre-sols, enrichissant les terrains en azote..etc..). C’est là notre grande inquiétude – les champs de blé de la région de Séville doivent leurs aspect verts aux engrais chimiques azotés. Mais la chimie ne pourra jamais remplacer l’eau.
Depuis des milliers d’années, les régions méditerranéennes ont produit dans des conditions sèches, mais avec des techniques d’arborisation, des gestion de l’eau et surtout de la matière organique que nous ne voyons pas aujourd’hui.
Ce tas de paille représente 1000 hectares de céréales, 20’000 bottes de 300 kilos, il date de 2020!!!
Vu à Moron de la Fontera,le 10.02.2022, il y avait 4 tas de la sorte pour une seule ferme!
Nous en déduisons que la paille n’est pas utilisée ou peu, pas réinjectée dans le sol, pas d’animaux pour l’utilisation des litières, pas de couvre sol associée à du trèfle sur des cultures bio de la région de Malaga qui en aurait fort besoin -. incompréhensible – un gigantesque gâchis, nous avons vu les mêmes tas sur les plateaux céréaliers du Nord de l’Espagne – de la paille inutilisée.
Nous comprenons au vu de ce qui précède que l’avenir agricole de la péninsule sera difficile s’il reste avec ses pratiques agricoles intensives, destructrices de la qualité du sol.
Depuis le Portugal dont les magnifiques forêts de chênes lièges sont atteintes du champignons phytophtora, nous ne voyons aucun processus d’agroforesterie mis en place. A part le corridor vert installé par Greenpeace notamment au Sud de Séville. Nous ne voyons aucun processus de renouvellement , régénération des plantations de chênes verts ou liège pour la partie atlantique, nous ne voyons aucun brise-vent, aucune haie protectrice, aucune culture alternée. Toutes les nouvelles plantations sont des monocultures qui un jour ou l’autre seront sensibles à un insecte ravageur ou à un champignon indésirable.
La rencontre de producteurs et arboriculteurs conscients et actifs dans la production bio renouvelable, (cf brève Benja »The » gentleman) et (cf brève Vallée des Mangues), nous remontera le moral.
Notre pied de nez de la semaine, comme disait le chanteur » tout quitter, mais tout emporter », c’est notre plaisir de constater le bonheur de ces hordes de camping cars conduits par des européens nordiques, identifiables car paqués le long de la nationale, en buvant une bière du Nord et en faisant leurs courses chez Lidl, évitant d’utiliser leurs toilettes ambulants en gratifiant les mêmes lieux naturels de leurs précieux digestats, présents partout le long du littoral, le tout dans la poussière et le bruit!
20.02.2022 après le village de Nerja, direction Alméria, un splendide parking de camping cars, »full equiped » entre la colline et la route nationale, à 50-100 mètres de la mer. Il y en a tous les 5 km – magnifique, un régal sur l’avenir de l’éco-tourisme!!!
Remarquez la totale absence de végétation- nous sommes en février
Une réponse