Une semaine dans un village rural catalan

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Mollens 330 habitants Pied du Jura vaudois- Bovera 270 habitants, Sud de la Catalogne et de la région « Les Garrigues », 360m d’altitude, dans les collines – 50 agriculteurs, dont certains en revenu accessoire. Deux villages ruraux, situés à 30 minutes de route d’une grande ville absorbant les pendulaires. S’ils présentent certaines similitudes au niveau de la vie rurale, nous avons observé quelques différences sympathiques et d’autres qui nous en rendus davantage perplexes.

L’église, les maisons habitées, inhabitées, en ruine, supprimées, dominant les potagers familiaux abandonnés au profit des champs de monocultures d’amandiers et d’oliviers.

La ferme au milieu de ses terres n’existe pas

La ferme « foraine », individuelle située au milieu de ses terres et de ses animaux n’existe pas. Extremadura, Séville, Malaga, Catalogne, toutes les régions traversées présentent quelques magnifiques fermes qui se comptent sur les doigts de la main. Le 99% des exploitations est constitué de hangars, de granges et des élevages en batterie, au milieu des cultures. Les agriculteurs, quant à eux, habitent dans les villages aux maisons contigües, les garages hauts de plafond servant d’abris à tracteurs/voitures, charrettes et atelier, l’habitation étant en haut.

Les animaux ont disparus

Plus aucun animal dans un village, ni à Bovera, ni ailleurs, pas un crottin sur les routes. Même dans les campagnes, moutons, porcs et poules sont dans des hangars sans pâturage, une mini aire de débattement au maximum, y compris pour les chevaux, les porcs sont dans des entrepôts, clos, répugnant d’odeur, seuls leurs cris signalent leur présence – un désastre total.

Des infrastructures communautaires simples , peu coûteuses et efficaces

Place du village, café/salle de jeux, restaurant, cantine/salle des fêtes/lei de rendez-vous, piscine d’été et épicerie (Rien de tout cela à Mollens sauf une place vide):

  • la salle de jeu des jeunes est attenante au café, les jeunes sont selon leur âge, sont accompagnés ou non par leur parents qui restent côté café. C’est en fait la salle des fêtes, salle polyvalente, salle de spectacle.
  • la piscine municipale, simple mais sympa qui permet à tout le monde de se retrouver l’été – aucun faste, un endroit pour faire des grillade et planter quelques tentes/ camping cars.
  • la place du village sous les platanes, avec des bancs ou l’on joue au foot sans complexe et à toute heure du jour.
  • une épicerie simple mais assurant l’essentiel

Le coeur du village c’est le café- emplacement vivant, une vraie institution

Le café fait office de Maison de commune, tout s’y passe s’y déroule, nous y avons trouvé tout ce que nous cherchions comme informations, services, gentillesse, attention, les fumeurs rassemblés à l’extérieur forment un 2ème groupe. L’inévitable télévision trône au centre du café, personne ne la regarde sauf pour les nouvelles ou le foot . On y passe en après-midi des programmes de Netflix. Les journaux sont lus et relus. Une famille se relaie pour assurer le service de 8h à 01h du matin 7j/7j. Les seniors s’y retrouvent pour un apéro, des jeux de dominos, le repas de midi, l’apéro du soir, aucun excès d’alcool constaté, la bière locale reste la valeur sûre. Le café propose un plat du jour midi et soir et assure le traiteur pour la salle des fêtes. Le samedi soir, les pendulaires font leur apparition et viennent prendre les nouvelles de la semaine. Ambiance, sympa, sans stress. Le dimanche matin c’est la donnée d’ordres pour une vingtaine de chasseurs. Si le café disparaît, c’est le cœur du village qui disparaîtra.

Quelques questions sur l’environnement « bio » du site

  • au Sud, la centrale nucléaire d’Asco à 20 km – la radioactivité est mesurée régulièrement au village qui se trouve d’ailleurs sur une voie d’évacuation en cas de catastrophe, voie pas toujours entretenue, chaque municipalité et l’état se renvoyant la responsabilité de l’entretien.
  • Au Sud, toujours à 15 kilomètres, la ville de Flix avec son usine de soude caustique, eau de javel, chlore……..
  • des porcheries concentrationnaires de porcs élevés à la farine, antibiotiques, sans lumière et sans air frais!
  • des épandages permanent de lisiers de porc
  • des épandages permanent de fumiers de poules des poulaillers composés de 1, 2 ou 3 étages (10’000 à 30’000 poules). On n’est pas chez Disney, ici .

Au final une impression mitigée de village actif mais triste

Avec l’exode rural, 50% de la population a déserté le village sur les 30 dernières années. L’école est dispensée dans le village attenant, les migrants remplissant 80% des classes. Une maison sur deux est occupée, certaines sont en ruines, un poulailler industriel en briques est en faillite, idem pour 3 porcheries, alors qu’une nouvelle vient de se construire à 100 m du village. 4 huileries. Partout des activités qui fonctionnent et autant qui sont à l’arrêt ou en construction depuis des décennies. Très peu d’investissement dans le superflu, la peinture, la décoration, les plantes, les arbres pour ombrer ou pour faire joli, on est dans l’utile à l’extrême, seul le paysage est magnifique, l’église est fermée, personne n’y recours. Des champs, 2900 hectares dont 2750 hectares en conventionnel – comprendre glyphosates et autres purins, herbicides, engrais chimiques. J’oubliais – une eau potable mais non buvable, toute l’Espagne que nous avons parcourue biberonne de la bière ou des bouteilles Pet jusqu’à 5l.

Bâtiment imposant et surprenant construit en 1907 au milieu de las garrigues, abritant une ferme qui sera reconvertie en hôtel, dans une finca de 200 hectares appartenant depuis quelques années à des chinois.

La beauté, c’est le site naturel des collines, les couleurs du terroir, les terrasses sculptées, les oliviers pour certains magnifiques, les amandiers en fleurs et les garrigues dans les endroits inexploitables par l’homme.

L’avenir du village

Des agriculteurs qui se mettent à respecter la nature, une diversification des cultures (safran- fruits), des animaux dans les champs, des cultures qui passent gentiment de conventionnel à bio, des chinois qui vont développer un hôtel dans une finca. Des projets de transformation des produits de la terre, sur place pour garantir de l’emploi local et créer un produit touristique de qualité, des chambres d’hôtes, casa rural, appartement pour touriste, le site est incroyable pour les ballades pédestres, à cheval et faire des randonnées à vélo…électrique.

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