Marc développe un écosystème viable

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Marc, 46 ans, est un enfant du village de Bovera, qui a appris à tailler les oliviers et amandiers dès son plus jeune âge auprès de son grand-père, Serafin. Adolescent, il décide pourtant d’apprendre les métier d’électricien et de frigoriste. Lors de la mise en place du nouveau système d’irrigation au village en 1996, son père développe de nouvelles techniques de production intensives et le besoin en main d’œuvre augmente. Marc décide de revenir auprès de son père pour le soutenir dans ses développements agricoles. Les 50 hectares sont travaillés en conventionnel. Un événement marquant va transformer sa manière de concevoir l’agriculture.

La « hostia » comme déclencheur du changement

Il y une dizaine d’année, Marc développe une maladie très grave qu’il vit comme un électrochoc. Face à la mort, il change radicalement sa philosophie de vie et son approche des cultures. Marc établit un lien entre sa consommation de produits industriels et son mauvais état de santé. Il décide donc de revoir son approche. Comment soutenir la vie? Au lieu traiter la maladie et le symptôme de la maladie (la sienne et celles des arbres) il va chercher à renforcer la santé de son corps, de son esprit mais aussi la santé de ses champs et de ses arbres. Comment renforcer la santé? Comment travailler moins et vivre mieux? Comment devenir autonome et indépendant dans le soin de sa santé et de ses cultures?

Les mots et les conseils de son grand-père, Serafin, lui reviennent, avec une signification nouvelle très moderne et remplie de bon sens. La biodynamie et l’observation seront ses deux autres principaux outils et guides. Il a suivi plusieurs années de formation en biodynamie. Il continue à apprendre et à utiliser toutes sortes de techniques, y compris la géobiologie. Quand à l’observation, il l’a beaucoup développée avec son grand père et il l’a aiguisé depuis que la nature est devenue sa meilleure partenaire de travail. Cette photo de son grand-père au milieu d’autres élèves du village, trône dans son appartement.

Les plantes et les animaux: ses nouveaux partenaires de travail

Labour profond, glyphosate, pesticides, désherbants. Marc observe que ces techniques permettent une production rapide et importante à court terme. A long terme cependant, il constate que ces produits (tout comme la nourriture industrielle dans une certaine mesure) tuent et rendent dépendant de tiers (les vendeurs d’intrants). Si sa maladie est pour lui la meilleure illustration de sa conviction nouvelle, il nous livre un exemple agraire très concret:

A côté de son champs, des amandiers sont cultivés en conventionnel depuis plusieurs années. Cinq à six labours sont réalisés chaque année. Absence de bétail, glyphosates et pesticides sont été ajoutés ( pour supprimer toute autre vie, l’herbe étant considéré comme concurrent à l’arbre). Ne sont restés en vie que quelques micro-organismes.. qui ne trouvant plus rien pour se nourrir, ont rongé les racines des arbres. On constate, à droite de la photo, la disparition de nombreux arbres. Les derniers amandiers (à gauche et au fond), très affaiblis par ce traitement de choc, ne produisent presque plus. Le champs doit être entièrement replanté.

Marc considère dès lors les plantes et les animaux comme ses alliés pour sa santé et pour ses arbres. Ils vont travailler avec et pour lui. Quelques exemples:

Les pucerons sont les envahisseurs dangereux. Marc sème du fenugrec (Trigonella foenum-graecum). Cette grande plante médicinales dégage une odeur que les pucerons détestent. C’est certainement pour cette raison d’ailleurs que cette plante entrait déjà dans le processus d’embaumement des anciens Égyptiens. De la famille des fabacées, le fenugrec riche en azote,  est un très bon engrais vert et aussi un très bon fourrage! Le fenugrec se ressème très facilement!

La fausse roquette (Diplotaxis erucoïdes) et la moutarde noire ( Brassica negra) sont des plantes abondantes dans les champs d’oliviers et d’excellents indicateurs de la présence des pucerons. Lorsque Marc observe des agglutinations de pucerons sur une roquette ou une moutarde, alors il va faire une tas de branche d’oliviers qui va attirer les pucerons (et les éloigner des arbres). Au moment de l’éclosion des pucerons, Marc met simplement le feu aux tas de branches. Ceci lui évite l’usage de pesticide!

L’olivarda (Inula viscosa) rend un grand service aux oliviers. Sa longue racine permet peut chercher de l’eau en profondeur et l’arbre peut s’y greffer pour en bénéficier. Il existe une très belle symbiose entre ces deux plantes. Mais plus que tout, elle héberge et libère les parasites de la mouche de l’olivier.  Marc accueille à bras ouverts ces auxiliaires, alors que les producteurs conventionnels suppriment cette plante et ajoutent des pesticides….Photo empruntée à d’autres…nous sommes en hiver..

Marc et Merce cultivent leurs légumes dans un jardin potager. On y trouve par exemple la « dioscorea batata« , appelée aussi la « racine de la lumière  » par Rudolph Steiner. C’est un igname de Chine, dont la tubercule peut être mangée crue ou cuite. C’est plante riche est très riche en vitamines B et C et en sels minéraux ce qui en fait un vrai alicament. Les feuilles et racines possèdent des vertus reconnues dans la pharmacopée chinoise. Cette plante pousse très facilement sous nos latitudes et pourrait facilement remplacé nos pommes de terre. Ci-joint, photo empruntée à :https://entresemillas.com/ C’est encore l’hiver ici.

L’Absinthe chinoise, Artemisia annua, très connue pour ses propriétés anti-malarique a eu le vent en poupe ces dernières années avec l’apparition du COVID! Elle est présente dans le jardin de Marc et Merce.

Marc a une très grande connaissance des plantes de sa région, mais aussi de leurs rôles et propriétés. Ci-contre, son livre de référence qu’il nous a conseillé (3 tomes). En français! Nous le recommandons !!

Pour le soutenir dans sa lutte contre les insectes mangeurs d’olives, Marc a installé de nombreux nichoirs, de toutes tailles, sur l’ensemble de ses champs. Un oiseau mange plus que son propre en poids en insectes par jour.

Elevage d’abeilles mobiles…Le vent permet aux oliviers et amandiers de se fertiliser. Mais les abeilles restent les alliées privilégiées. Marc confectionne ces petites maisons à abeilles avec des cannes. Au printemps, il peut les déplacer dans ses champs pour favoriser la création de nouvelles colonies. Il a le projet le réinstaller des ruches dans les cavités créent dans les murs par ses ancêtres (lire notre brève: les traditions)

Fortifier le sol

Marc est passé d’une agriculture de type conventionnelle à une culture bio. Son sol doit donc être fortifié, soigné, reminéralisé, glyphosates et autres pesticides l’ayant très affaibli. Il a développé de nombreuses techniques. Il s’inspire beaucoup des écrits et formations de Jairo Restrepo Rivera, né en Colombie, ingénieur agronome. Le site https://www.lamierdadevaca.com est une source d’information et de recettes très précieuses que Marc consulte très fréquemment.

Marc a converti 50 hectares de terre pratiquement mortes et non viable à long terme en des champs vivants et productifs. Ses charges financières ont diminué et ses produits ont gagné en qualité. Marc travaille seul dans ses champs mais collabore activement avec d’autres producteurs. Watts up et internet lui permettent d’être reliés aux autres et de poursuivre ses recherches agronomiques.

Marc a encore de nombreux projets en tête. Fier de sa région, il souhaite continuer à la mettre en valeur, et à la faire vivre.

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