Caucase – VERT – tigineux

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Mestia, 9 août 2022

Le Caucase, c’était le but de notre ballade de 5’000 km à vélo. Nous avons mangé de l’asphalte, des odeurs de diesel, des villes, des égouts, des poubelles, des cadavres d’animaux sur les routes, tout cela pour pouvoir découvrir la flore mythique selon nos livres du CAUCASE. Nous avons été récompensés. Déjà, depuis l’Albanie, les plantes, les arbres le long des routes, entre les cultures céréalières sont réapparus, ce qui nous a réconcilié avec nos convictions. (Les passages ibériques et italiens nous ayant passablement déroutés!). Le Caucase subtropical s’est dévoilé d’emblée à Batoumi, suite à la traversée quasi désertique de la Turquie du centre. (lire notre brève Verdures à Batoumi et notre brève sur le jardin botanique de Batoumi).

Source Wikipedia

Profusion

La profusion d’arbres de grandes envergures, les fruitiers sauvages, une végétation sur 3 niveaux, nous ont régalés, de même la visite du Jardin Alpin de Gauderdzi (lire notre brève). Nous avons la confirmation dans le Caucase Nord, que tout ce que nous avions entendu, lu, était vrai. Le Caucase, c’est le cœur de notre biodiversité européenne. 1 semaine dans le Caucase Sud, 3 semaines dans le Caucase Nord (Parc national de Tusheti, Kazbezie (Mont Kazbek-Stephantsminda) et Svanétie-Mestia – Nord-Ouest du massif, nous démontrent que nous sommes dans des lieux encore préservés, dont la richesse de la flore ne nous autorise que quelques photos et déterminations par jour, la profusion de plantes inconnues à nos yeux est incroyable. Certes nous retrouvons toutes les familles rencontrées en Europe, mais si nous connaissions une ou deux variété de digitales, de scabieuses, ici, en l’espace de quelques mètres, nous découvrons pour une famille données 3-4-5 variétés, couleurs, ports différents. Impossible de tout voir, tout identifier, le temps, les compétences nous manquent, nous ne feront que quelques photos à la sauvette, car les distances sont immenses. Toutes nos excuses pour les identifications rapides faites souvent avec le logiciel « Picture This ». De retour en Suisse nous aurons davantage de temps cet hiver pour classifier, et préciser les noms des plantes et taxonomies.

Immensités

Petit exemple de notre désarroi, arrivés à Mestia, cœur de la Svanétie, nous décidons de monter sur une colline de 2400m dominant le village gros comme Les Diablerets pour comprendre où nous sommes. Au vu de l’heure tardive, nous prenons deux télécabines pour passer de 1450m à 2300m d’altitude. Arrivé au sommet de cette colline, nous en longeons la crète sur 2 km, nous découvrir que nous sommes entre deux chaînes montagneuses, l’une de 4000 mètres de haut au Sud, et l’autre de 5000 mètres aboutissant au Mont Elbrouz de 5900m, 40km à l’Ouest. Une vue à 360° d’environ 50 sommets de plus de 4000 mètres et 30-40 glaciers, des sommets complètement en neige. Pour retourner à pied au village, il nous faudra 6 heures! De fait nos herborisations sont sporadiques, anecdotiques par rapport à l’immensités des territoires. Des alpages Sud secs et pâturés, peuvent cachés de mini vallons arborisés non pâturés dans lesquels 50 plantes différentes au m2 s’épanouissent. Nous voulons nous déplacer à pied car nos vélos sont inadaptés, mais rapidement nous utiliserons des taxis 4*4 pour éviter une marche d’approche totalement plate et monotone de 10-15 km d’une vallée secondaire, qui elle-même mènera à une vallée tertiaire, glaciaire intéressante en terme de relief et de flore. Tout est grand, démesuré, passage de rivières impossibles à pied sec si la rivière fait plus de 1.5m de large, glissements de terrains, effondrement, chutes de pierres tous les 20 mètres. Rencontre avec des troupeaux de vaches ou de moutons, des chiens de berger, tout prend du temps , beaucoup de temps. Une destination impossible en dessous de 15j-3 semaines. Rien n’est sûr en raison de la météo, des évènements politiques, des casses mécaniques, mais tout se résout! imaginez que certaines destinations de cols sont impossibles à pied, en voiture, il faut prendre un cheval, ou l’hélicoptère. De mini aéroports permettent aux autochtones de voyager rapidement, pour relier Stephantsminda à Mestia, 650 km, il faut en voiture au minimum 10-12h, nos mettrons 1,5 jour avec taxi et train.(Glissements de terrain aussi pour les trains- y compris dans les tunnels)

Une distribution étonnamment équilibrée des plantes.

Evidemment nous sommes constamment attirés par les plantes. Partout nous cherchons à comprendre une distribution logique et souvent illogique. Les conifères sont sur les versants Nord, ok, mais à Mestia, nus avons parcouru 4 heures durant entre 1700m et 2300n un versant Sud comportant au moins 50% de conifères. Sols secs ou humides, les pins (Epicea) sont mélangés en juste proportions avec les sapins (Abies), et les feuillus. Nous avons trouvé des poiriers chinois Pyrrus calleryana de 15 mètres de haut à Ieli 1900m en plein Sud. Partout, les biotopes sont quasi respectés, je dis bien quasiment! Dans la vallée de Truso, sur une pente raide est une touffe de Thym serpolet (sol sec), dans une touffe de prêles (sol humide). En forêt, comme dans les alpages non pâturés, nous trouvons une distribution équilibrée des espèces. Il y a de tout, partout. Des feuillus avec des résineux, jamais au dessus de 1000m tout l’un ou tout l’autre, les feuillus, comme les résineux montent jusqu’à 2’300 – 2’500m d’altitude. (Svanétie-Ieli-1900m un tronc de bouleau rectiligne de 25 m de haut, pour un âge estimé à 40 ans). Pour les plantes, toujours un mix d’espèces et de variétés digne des meilleurs mélanges des grainetiers Sativa- Schweitzer et consorts. Chaque mètre carré contient entre 20 et 60 espèces, c’est un festival et nous le constatons qu’à une seule époque de l’année, sur un seul jour!

Pourquoi toujours parler d’invasives en Europe???

Cécile reste mesurée sur cette thématique Délibérément depuis des années, je suis opposé à cette philosophie étatique helvétique & européenne qui consiste à déclarer que des espèces n’ont pas leur place en Suisse et doivent être éliminées. Ces décisions sont le fruit de grandes recherches de scientifiques dont je ne partage absolument pas les conclusions. Ce voyage au Caucase me conforte dans une philosophie du « laissez faire la Nature » que je défends. Que voit-on au Caucase? Prenons l’exemple de la berce du Caucase (Heracleum manteggazianum), une ombellifère magnifique, la reine des ombellifères, qui marque du feu tout plaisantin qui joue avec et s’expose au soleil ensuite (Plante provoquant de fortes brûlures sur la peau). Comme en Suisse, nous avons rencontré cette plante dans les zones très humides (Torrents ombragés Batoumi – Gauderdzi 2’300m – prairies très humides d’altitude (Juta Valley 2200m).

Oui il y a des berces au Caucase, mais pas plus qu’en Suisse, et nous n’avons sur 4 semaines jamais vu plus de 150 m2 de plantes en concentration (Photo en haut à droite , alpages de Juta en montant sur Chaukri Lake 2’200m.) Les bêtes ne les consomment pas, pas plus que les hommes, les plantes demeurent et ne gênent personne. Même constat pour les renouées du Japon (Reynoutria japonica) vues au Kosovo sur des bords de rivières. Le grands principe d’arrachage est basé sur le fait que ces plantes poussent au détriment de la flore locale e en diminue sa diversité. Nos scientifiques sont-ils au courant que les ventes forts d’altitude, « jet-stream » de 400km/h existent depuis que la terre tourne et distribue les graines à une vitesse supersonique, sans que personne n’intervienne. Les graines trouvent alors les conditions lumineuses, de température , d’humidité et de composition chimique qui leurs sont favorables ou non à leur expansion. Si une espèce se développe rapidement au détriment d’une ou des autres, ce n’est pas la plante qui est responsable, c’est l’homme en déséquilibrant la nature du sol, et le climat en modifiant les paramètres historiques liés à la pousse. Ainsi la renouée du Japon, comme les solidages (Solidago canadensis) sont implantés sur les bords de terrains remués par les hommes, voies ferrées, ex-zones industrielles, bords de route pollués des métaux automobiles. les plantes spécifiques exploitent ainsi les surdoses de composés chimiques qu’elles vont « digérer ». Le Caucase, sauvage ou habité n’échappe pas à la règle.

Des arbres majestueux à profusion

C’est un constat général, en nature ou en ville, les arbres poussent au Caucase, sont respectés, on replante partout et les forêts naturelles prouvent leur pleine santé au travers des jeunes pousses que l’on y trouve.

Les plantes des champs (Altitude 2000m sauf Tbilissi)

Les plantes d’altitude et de rocailles (env. 2500m-3000m)

2 réponses

  1. Merci pour cette découverte de la Géorgie sauvage ! Côté flore c’est vraiment très riche ! Je partage l’avis sur les plantes dites invasives ! Tchuss

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