La Thessalie, c’est coton sauf si tu as le vent de face!
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Kalampaka, 18 septembre 2022
Sitôt sortis d’Istanbul, nous roulons dans une campagne qui domine la mer de Marmara, une campagne de grande étendue sèches au niveau des collines couvertes à 100% de monoculture, pas un arbre, c’est la Beauce française, hormis les deltas de rivières humides où nous trouverons pour la première fois une culture jamais vue en Suisse: le coton.
Le coton c’est beau, c’est doux!
Première impression avec cette culture, c’est une plante douce, aux feuilles arrondies, d’une hauteur de 50 à 70 cm pour celles que nous avons croisées sur 600 km, plante cultivée comme une annuelle, 4 espèces identifiées dans le monde, selon la taille et texture des fibres.
Pour les latinistes, nous avons rencontré l’espèce Gossypium hirsutum (80% de la production mondiale) cf la synthèse sur Wiki)
Herbacé ou ligneux, le cotonnier pousse dans les régions tropicales et subtropicales arides.
Le cotonnier sauvage (« coton pérenne ») vit une dizaine d’années et peut mesurer jusqu’à dix mètres.
En culture, on limite sa taille à un ou deux mètres pour faciliter le ramassage du coton et il est généralement exploité sous la forme de plante annuelle. À la floraison apparaissent de grandes fleurs blanches ou jaunes à cinq pétales, sans odeur notable. Ensuite des capsules aux parois épaisses et rigides se développent. Lorsqu’elles s’ouvrent, elles laissent s’échapper des graines et des bourres de coton recouvertes d’une houppe de fibres blanche et soyeuses pouvant mesurer entre deux et cinq centimètres de long selon les variétés. On en extrait les fibres, qui sont utilisées notamment pour produire des étoffes1.
Synthèse Wikipédia
En préparant notre parcours , nous nous attendions à traverser une Grèce aride, en réalité, par économie de nos maigres mollets, nous avons opté pour une traversée du pays en évitant les montagnes, soit le long des côtes, en traversant les plaines et les delta des rivières se jetant dans la mer. Ces dans ces 2 derniers biotopes que nous avons rencontré des cultures artisanales (près de la Turquie) puis carrément industrielles , OGM, micro-irrigation, engrais, pesticides et tout ce qu’il faut pour réussir 30 ans de cultures sur les mêmes surfaces, aux dires d’un jeune ingénieur agronome, rencontré sur la route.
Un producteur nous accueille gentiment sur l’aire de pesage des récoltes, avant qu’elles ne partent pour être stockées sous abri de la pluie. 30 ans de monoculture!!!
Wikipédia parle de biotope tropical et zone aride, nous constatons que le coton à besoin d’abord de chaleur, puis d’eau à des époque bien déterminées (140 jours après la formation des capsules) cf à un blog de wikifarmer bien documenté pour les agriculteurs. Nous constatons que les plaines et les delta présentent tous l’avantage en hiver d’avoir des sols gorgés d’eau, ce qui va permettre ensuite de correctement irriguer naturellement la graine pour son épanouissement rapide. ensuite l’irrigation d’un rang sur 2 par micro asperseur est indispensable dès le le 140ème jour de culture, pour assurer la croissance de la fleur et assurer les 500mm d’eau nécessaires à la culture 8 soit 2 fois moins d’eau qu’au pied du Jura.
Nous traversons donc des champs en fin de culture et sommes au début des récoltes qui vont durer 2 mois.
La Grèce productrice de coton, une surprise pour nous!
C’est au bout de 7 jours de pédalage en arrivant à Larissa, au centre de la plus grande plaine agricole grecque, que nous constatons que le coton c’est une sacré industrie dans cette région.
Les grecs produisent 400’000 tonnes en faisant vivre environ 200’000 personnes. Le coton est principalement exporté vers la Turquie pour le travail de la fibre et la confection.
Les cultures ont explosé il y a 40 ans, bénéficiant de l’assèchement des marécages réalisés dans les années 1940, notamment en 1942 par les allemands ayant fait disparaître une grande partie des 80’000 habitants de confession juive de la région de Thessalonique, morts de paludisme entre-autre dans ces travaux herculéens.
Cet assèchement à d’ailleurs provoqué une modification du climat local qui est devenu davantage continental, plus froid et neigeux l’hiver, plus chaud l’été, Le grand mystère pour nous, c’est la monoculture sur 30 ans, le sol n’est plus qu’un support, recevant un cocktail chimique très précis, toujours en limite des parcs nationaux… Les nappes phréatiques baissent régulièrement, aucun apport de fumure organique, il n’y a pas d’animaux dans ces régions. Les semences proviennent des grands céréaliers mondiaux (Pioneer et consorts).
Jusqu’à quand ce cycle sera-t-il profitable à court et long terme?