Sentiment d’éternité à Syracuse
Suivez nos aventures en recevant notre newsletter toutes les semaines, inscrivez-vous en cliquant ici puis renseignez votre nom et email.
Syracuse 1er juin 2022
5 mois sur la route, frais et tranquille au départ puis la chaleur revient au fil de l’avancement des saisons, puis le bruit des villes du Sud, les industries, les camions, les constructions anarchiques, les klaxons, la musique dans la rue, et au sortir de la nécropole de Pantalicca (lire notre brève Pantalicca) située entre Palazzolo et Syracusa, notre chemin nous mène à travers champs à Ortigia, le quartier historique campé sur une île reliée par un pont à la ville de Syracusa.
Ortigia au fond. Le quartier historique construit sur une ile reliée à la ville moderne. Des falaises calcaires qui s’effondrent au fil de l’usure du temps dans une eau turquoise.
Dans ce quartier ultra touristique, les constructions neuves ont disparues du paysage habituel méditerranéen. Les voitures ne représentent plus une gêne, la nature est présente par la mer étincelante, bordant de tous côtés, une ville fondée 700 ans avant J.C, qui a régaté avec Carthage, les grecques, les romains, les normands. Malgré le terrible séisme de 1693 qui a bouleversé toute la côte et fait disparaître des milliers d’édifices antiques, le passé tumultueux de la ville se décèle à chaque angle de rue.
Les rues sont étroites, max 3 mètres, pavées, chaque maison en dehors des palais bénéficie d’une porte cochère de 4 mètres de large, unique façade sur le domaine public, qui permet de se défendre, de garder de la fraicheur pour le labyrinthe de cours intérieurs fraîches et discrète qui distribue les pièces sur 2 -3 niveaux des habitations aux plafonds élevés. Nous avons dormi comme des rois au rez d’une maison sans fenêtre, donnant sur un passage vouté, choquant au départ de ne voir le jour, mais tellement confortable sans climatisation quand la température dépasse 35 degrés.
Pas un centimètre de la surface qui ne soit construit. La ruelle bordant l’île surplombe les falaises de 10-15 mètres de haut, un rempart naturel contre les vagues et les assaillants. 2000 ans de résistance aux ennemis, les romains en – 300 AC ayant réussi après un siège de 3 ans à entrer et piller méticuleusement, mettant fin définitivement à l’ère grecque. Aujourd’hui, tout ce quartier est vivant, peuplé de retraités, de travailleurs et de touristes logeant dans des Hôtels de charmes, B&B, il y en a pour toutes les bourses.
Que reste-t-il après les saccages et tremblements de terre?
Ortigia, une ville couleur blanche rosée, posée sur l’eau turquoise, intégrant parfaitement le développement des quartiers modernes (hormis selon nos goûts , une verrue en béton de 80 mètres de haut, apologie du béton gris des années 1950, merci les architectes français venus donner des leçons aux italiens .
Ce qu’il reste, ce sont des édifices vivants, protéiformes, intégrant les multiples périodes architecturales, car la durabilité c’est l’emblème de la ville historique. Les temples grecques servent de base à l’art byzantin, intégré au style des normands, le tout noyés dans les reconstructions d’après tremblement de terre de 1693 avec des façades baroques.
Pour construire ces édifices, les carrières de calcaires sont proches, sous les bâtiments ou à proximité.
Petite visite aux carrières souterraines de calcaire: les Latomies
Certaines effondrées par les séismes ont étés réaffectées en jardin. Le tout donne une ambiance de jungle urbaine, en perpétuel mouvement, dans un calme contrastant avec les drames historiques, les milliers d’esclaves qui ont contribué aux constructions.
En déambulant dans les carrières, plutôt le bagne, sous le soleil, nous avons une respect pour ces milliers de prisonniers qui ont au fil du temps construit la ville. Comme dans les films, l’ambiance est tendues, lourde dans ces sites majestueux, ou on imagine mal vieillir, tout ayant été creusé à forcedes bras.
Comme dans beaucoup de villes italienne, une ville, construite sur une ville construite sur une ville, des églises catholiques qui ne l’ont pas toujours été.
Petite visite au théâtre grec, sublime dans sa situation géographique , 15’000 personnes contemplant la mer et écoutant les classiques, Euripide et Eschyle y ont joué leurs pièces, mais nous, nous avons eu droit à un amphithéâtre revu et corrigé en bois pour accueillir le festival du théâtre classique, dommage, cela nous gâche le plaisir, aucune émotion!
Petite visite au Palais Bellomo, collections d’art du 12ème au 17ème, heureusement que certaines pièces étaient bien accrochées.
Et après tout cela un bon bain sous les remparts pour prendre le train jusqu’à Catania, 1heure de transport dernier cris pour éviter les 30 km de côtes dévastées par les usines pétrochimiques.