L’Hôtel Berat-Castle qui raconte l’histoire

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L’hôtel Berat-Castle sera notre lieu de repos bienvenu après une journée de vélo de 13heures sous le soleil. Dès notre arrivée, les employés nous aident à porter nos bagages…nous ne refusons pas, nous sommes KO. Cette gentillesse nous fait un bien fou. La maîtresse de maison, Efti, nous accueille en français et en anglais. Elle s’occupera de nous avec soin pendant notre séjour.

Nous sommes au sein du château de Berat, datant du XIIIème siècle, dans la forteresse qui domine la ville de Berat. L’Hôtel Berat-Castle dans une très jolie pension de famille, entièrement rénovée, décorée selon la tradition. L’histoire de la création de cet hôtel racontée par Efti nous dit quelque chose sur quelques défis que les albanais doivent affronter pour offrir une vie de qualité à leurs enfants et réinventer le pays sorti du communisme en 1991.

La maison date de plus de 250 ans et appartenait à de riches propriétaires de la région qui en a pris soin. Elle a été réquisitionnée pendant le communisme pour y héberger une école. Lorsqu’à la fin du communisme, les propriétaires récupèrent leur bien, tout est détruit, sauf l’extérieur, les murs. Efti et son mari achète la maison 2017…Efti prend en main le projet.

Son mari est obstétrique gynécologue. Il s’est formé à l’université de Tirana avant de poursuivre avec un Master en Arménie. Depuis près de 20 ans, il travaille et s’investit à l’hôpital de Berat. Efti, n’est pas moins formée. Après des études à Tirana et munie d’un diplôme en Finances accouting, elle travaille dans une grande banque à Berat. Ce qu’elle aime particulièrement dans ce travail est le contact clientèle.

Elle a d’autre ambitions et veut développer son propre projet. Efti est née dans le quartier de la mosquée, à Teqeja e Hwlvetive, et y a passé son enfance. Elle est très attachée à sa ville et à la valeur famille. Elle veut pouvoir s’ancrer dans la ville de ses grands parents et de ses ancêtres. Elle va diriger les travaux de restauration pendant 4 ans. Le démarrage n’a pas été facile. Après l’achat du bien, la reconstruction coûte cher. Le couple a de la chance et pu compter sur des soutiens financiers d’une partie de la famille émigrée aux Etats-Unis. Le gouvernement et l’UNESCO n’offrent pas de soutien. Leur rôle se cantonnent à vérifier que les règles de construction soient respectées.

Efti a voulu garder toutes les pierres. Il aurait été plus simple, moins cher et plus rapide de tout détruire. Obtenant les nombreuses licences exigées par la Municipalité et le ministère des infrastructures, elle s’y attèle avec le concours d’entreprise spécialisée dans la restauration des bâtiments. Elle sera épatée par un artisan qui a travaillé durant toute la durée des travaux, qui n’avait qu’un bras mais tout le savoir-faire!

Enfin, 1er mai 2021, Efti peut ouvrir son hôtel. A cause du COVID, la saison sera courte, les réservations démarreront à la mi juillet et se termineront fin septembre. L’hôtel est complet! Ouf! Elle a 10 employés à payer. Cette nouvelle activité professionnelle est très stressante pour elle et l’occupe de nombreuses heures par jour, bien plus qu’à la banque!

Le tourisme en Albanie, c’est 5 millions de visiteurs chaque année, qui génèrent 15% du PIB. Depuis 1995, ce secteur est en plein développement.

Nous avons dormi dans plusieurs catégories d’hôtels, de chez l’habitant à la petite auberge familiale de qualité, à l’immense hôtel de plusieurs étages, avec décoration ostentatoire et surtout très souvent vide. Nous avons été étonné de voir autant de nouveaux hôtels construits, y compris dans les montagnes les plus reculées, immenses, avec une infrastructure énorme. Est ce que la demande est réellement suffisante pour remplir tous ces lits? Les grands hôtels que nous avons vu sont impersonnels, le service et l’accueil très moyen. Dans quel but sont ils construit? Nous ne pourrions pas le dire avec certitude….

Pour les petites pensions familiales, les enjeux sont ailleurs. Nous avons rencontré des entrepreneurs qui se sont tous vu refusé un soutien de la banque ou de l’état. Sans un soutien financier de la diaspora, bien compliqué de développer son propre projet. La petite auberge pourra ensuite fonctionner uniquement si quelques membres de la famille participent au développement de l’activité. La fidélisation des employés est une gageur, à 300 euros par mois, impossible de faire des projets (la location d’un petit appartement coût par exemple 150.– par mois!):. La diaspora est immense (1 tiers, voir la moitié des albanais vivent à l’étranger).

Or les petites auberges sont en principe très sensibles à la qualité de l’environnement. Ils peuvent être porteurs d’un développement touristiques durables, contrairement aux grands hôtels choisir son hébergement, c’est déjà un acte politique en Albanie.

Efti avait le rêve de quitter l’Albanie elle aussi, en cause une politique peu soutenante. Son projet lui permet de réunir la famille dans un lieu. Et la famille, c’est sacré ici.

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