Cappadoce: Unesco – Mad Max?
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Nous décidons de nous rendre au cœur de la Cappadoce (nom qui signifiait pays des chevaux de races pour les perses), site historique turc incontournable, déclaré patrimoine mondiale de la l’UNESCO en 1985. Les images que nous découvrons sur internet sont grandioses. Nous nous réjouissons! Nous décidons d’approcher les sites à vélo, toujours avec l’idée de prendre le temps de mieux ressentir la région.
Ambiance Mad Max et fin du monde
60 kilomètres à vélo pour nous rendre à Göreme, ville centrale pour visiter en étoile la Cappadoce. Nous pédalons en plein mois d’août, sous un soleil de plomb, avec une température de 30° à l’ombre, pour le moins très chaude et sèche. La seule route qui mène à Göreme est une 4 voies, bitume et goudron fondant. Nous traversons des plaines arides, jaunes, sèches, vide de vie (Quelques moutons mis à part). Pas une vache, pas un animal, pas un cheval, pas un chat…Stations essence fantomatiques mais abondantes. Celles toujours en fonction nous abreuvent et désaltèrent. Par moment, des nuages de poussières nous aveuglent et nous étouffent. A l’approche de Göreme, nuées de quads en mouvement et milliers d’engins motorisés en tout genre à l’arrêt: motos, 4X4, et autres rutilantes motorisées. Nous apercevons ces paysages désertiques entre un cortège de gigantesques voitures qui nous dépassent à vive allure, secouées par les basses musicales boostées, bombardant de la musique techno…Göreme…des hordes de touristes botoxées se baladent dans les rues défoncées et en travaux…En haut du village, de magnifiques hôtels très joliment décorés entre de nombreuses ruines, témoins d’un passé architectural astucieux.
Des immenses villes souterraines prêtes à l’emploi
Arpentant cette région à pied et à vélo, nous nous retrouvons à Kaymakli, assisté d’un guide local féru d’histoire, .4 étages sous terre, au fin fond d’une ville souterraine indétectable depuis la surface, ayant abrité plus de 20’000 personnes il y a plus de 100 000 ans. Système d’aération par de grandes cheminées, assurant aussi la fourniture d’eau depuis la nappe phréatique (température constante à 15°, été comme hiver), espaces de stockage des denrées alimentaires, cuisine centrale énorme, système d’arrivée et d’évacuation d’eau, couloirs et des escaliers qui permettaient de passer d’une habitation à l’autre, système de verrouillages des couloirs par d’énormes pierres en cas d’agression, système de communication ultra performant reliant tous les étages en cas d’agression, hiérarchie des habitats: les riches aux étages du dessus avec des sorties secrètes individuelles, les pauvres aux étages les plus bas…Tout est fonctionnel et pourrait être remis en marche aujourd’hui…On nous explique que chaque maison traditionnelle possède un passage vers une ville souterraine et que le jeux favoris des enfants est de jouer à cache-cache dans ses dédales de rues souterraines.
Chaque citoyen ayant grandi dans la région aurait une très bonne connaissance des plans non écrits de ces citadelles enfouies. Officiellement, une toute petite partie de ses villes sont connues et rares sont celles ouvertes au public. Nous aurions dû visiter la ville souterraine de Derinkuyu, un village voisin, 8 étages sous terre…Nous y renonçons. Plonger dans le labyrinthe de Kaymakli à 4 étages sous-sol nous a suffit…nous avons tout juste évité la crise de claustrophobie. Le guide a beau nous informer que cette région n’est jamais touchée par les secousses sismiques, nous avons tout de même vu de nombreuses parois rocheuses éffondrées dans les alentours…
Impression de vivre en réel le film Mad Max ou une des innombrables BD des citées perdues….Beautés et ingéniosités architecturales versus une atmosphère fin du monde à la Mad Max, nous oscillons entre émerveillement et désappointement.
Ingéniosités architecturales et témoins historiques
Canalisés sur les circuits touristiques, nous sommes émerveillés par la beauté des paysages et par les constructions. Région volcanique, le paysage de Cappadoce présente une géomorphologie caractérisée pour l’essentiel par des plateaux formés par les cendres et les boues rejetées par les volcans avoisinants, des gorges, des cheminées de fées, ainsi que de grandes plaines constituées de résidus volcaniques (wiki). Lors de toutes nos ballades, nous découvrons ces cônes, pitons et cheminées de fées astucieusement creusées pour y vivre, et sur toutes les falaises, des nombreuses petites fenêtres, portes sculptées et anciens pigeonniers, source indispensable de guano nécessaire à l’agriculture.
Les habitations, adaptées au climat de la région et construites de manière hyper stratégiques en cas d’agression ont servi d’hébergement à de nombreuses populations. De multiples communautés sont venues s’y installer pour une période, avant de repartir, chassées par un nouvel ennemi ou par le manque d’eau. Nous vous laissons relire les grandes épopées historiques sur wiki. Ces villes géniales ont évidemment fait l’objet de nombreuses convoitises. L’histoire est dense…Quelques rares habitants y vivent encore ou y font encore un peu de commerce…
Les petites villes de Göreme ou d’Uchisar vivent presque exclusivement du tourisme. De nouvelles constructions s’ajoutent à celles plus anciennes. Progressivement, les villages sont complétement réaménagés. COVID et guerre en Ukraine ont donné un important coup de frein à l’économie locale…
Nous quitterons Uchisar pour la Vallée d’Ihlara, à la recherche d’un peu de verdure et de fraîcheur.