Berat-Albanie: un musée vivant
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Elbasan, 26 juin 2022
Cette ville se découvre habituellement depuis le Nord, située à 100km au Sud de Tirana, les automobilistes après avoir traversé une longue plaine fertile dédiée à l’agriculture voient leur horizon obstrué par des collines elles-mêmes dominées par les montagnes de Tomorit (2400m). Ces montagnes alimentent généreusement en eau la ville, ce qui n’est pas toujours le cas en Albanie selon les zones. Nous avons rejoint la ville de Berat par la vallée amont Est suite à une traversée fatiguante car caillouteuse et peu roulante depuis les crêtes de Ballaban (trajet parfait pour les marcheurs et VTT, cyclistes s’abstenir, surtout chargés).
Berat, ville patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008, a été identifiée au moins 2500 ans avant J.C. comme un endroit stratégique pour contrôler l’accès de 2 vallées fertiles pourvues de plaines parfaitement irriguées naturellement. En dehors de son architecture qui trahi le passage de toutes les civilisations méditerranéennes (Les Normands exceptés), Berat est le reflet d’un consensus religieux qui pourrait inspirer d’autres pays en proie à des batailles féroces sur ce thème.
Le consensus religieux intemporel
Quartier chrétien, quartier musulman, mosquée sunnite, mosquée chiite, églises orthodoxes, autant de lieux qui s’opposent à tout ostracisme, car leur dénomination n’est liées qu’à la présence d’un lieu de culte remarquable par son architecture, en aucun cas il symbolise un ghetto confessionnel. Chacun vit sa religion et s’installe où il le souhaite ou le peu. Nous l’avons constaté et vérifié plusieurs fois auprès de différents interlocuteurs. Dans les entreprises, les horaires sont laïcs et les mêmes pour tout le monde, idem pour les jours de travail. Zoom sur les 2 mosquées:
L’époque communiste a été généreuse, ces édifices ont étés épargnés car réaffectés à une salle de pingpong pour la mosquée sunnite et un marché pour la mosquée chiite. La guerre Iran-Irak, d’autres guerres, autant d’affrontements entre autres motifs, pour obtenir une suprématie confessionnelle, ici les deux édifices sont toujours debout… depuis plus de sept siècles. Contrairement à d’autres pays, nous entendons en Albanie des appels à la prière chantés par les muezzins, c’est musical, un seul appel et pas 20 comme à Marrakech, c’est beau et élégant.
Surtout ne pas oublier les présences orthodoxes, de petites églises magnifiques surmontées de dômes, datant du 13ème siècle, pourvues de fresques dans un bel état de conservation. Chaque église est dédiées à un Saint, il y règne une atmosphère de grande sérénité et calme.
Apologie de la pierre de taille en calcaire dur
Les beaux murs de Sicile, des Pouilles, de la Calabre, nous avons appris que les artisans albanais étaient derrières toutes ses restaurations, ces pavages. Depuis une semaine, nous voyons que l’exploitation du calcaire , de sa taille, mais aussi d’autres pierres dures, c’est la spécialité locale. Des ateliers de taille sont présents dans toutes les villes. Berat pour sa partie historique, c’est 85% de calcaire et 15% de poutres, en bois, planches, volets en bois naturel vieilli au soleil. Aucune surface n’est asphaltée, vu les pente et l’historique des ieux, le pavé ajusté ou brut, le boulet ou demi boulet, les marches, tout est en pierre et remis en état comme nous l’avons constaté en parcourant l’immense chantier des 2 villes historiques musulmanes et chrétiennes, restaurés avec des fonds issus de la Banque mondiale.
L’architecture balkanique survivante au château millénaire
Le château (la KALA) couvre 10 hectares du sommet de la colline de KALAJA. Il existe depuis le 4ème siècle avant, en témoigne un pan de muraille en pierres monumentales , servant de soubassement à plusieurs couches de murailles plus récentes. 220 familles habitent ou détiennent des maisons, des demeures, de petits palais, bien entretenus ou en ruines, les familles ayant émigré ou n’ayant pas le financement pour assurer les entretiens ou les reconstructions (Tremblement de terre de 2009 n’a rien fait pour consolider les murs.)
Ce que nous parcourons sous la conduite de notre guide natif depuis 3 génération du village, Toni, ce sont des ruelles pavées, enherbées, des murs, des portes cochères, des bâtiments en quadrilatères, avec les célèbres loggias surplombant les ruelles. Nous apprendrons que la structure balkanique est constituées d’un rez-de-chaussée en pierre surmonté d’un étage en bois, couvert par un toit à 4 pans ou multiples pans couverts de tuiles.
Ce qui reste du château: des remparts, des débuts de tout, une citerne enterrée:
Le Berat moderne
60’000 personnes, dans des bâtiments pour la plupart construits à l’époque communiste, immeubles, petites tours, des industries textiles en ruine, rien de renversant, une école privée devenue un Hôtel qui s’élève avec sa coupole digne du Capitol à Washington DC, délire architectural des années 2000 dans un style néoclassique comme il en existe dans toutes les villes de l’Est. Côté sympa, les aménagement de long de la rivière, ou les pépés se retrouvent aux heures fraîches pour discuter. Et toujours toutes les nouvelles routes arborisées de feuillus (Tilleuls, sycomores, micocouliers, acacias)