Palerme, un délicieux chaos
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Palerme, 27 avril 2022
670’000 habitants autour d’une baie surmontée de montagnes. Un port « beau » comme un port bombardé en 1943, et derrière le port: 14-16 siècles d’histoires, d’empilements (comme à Rome) de civilisations, qui ont toutes repéré le site naturel unique. Ville magnifique de syncrétisme socio-culturel, monuments de cultes agrandis, complétés, embellis par les nouveaux maîtres des lieux.
En sillonnant la ville à vélo, on ressent une ville de »pêcheurs » pourtant comme détachée de la mer, un périphérique et une urbanisation dense comme éloignant la mer de la ville. Des vendeurs de poissons sur les bords des routes dès 6hoo du matin nous rappellent bien que nous sommes dans une ville de pêcheurs.
Le centre historique d’une richesse digne des plus grands villes culturelles, Barcelone, Prague…Bâtiments qui racontent une belle histoire de plusieurs centaines d’années, mais aussi, au détour de nombreuses rues, maisons à l’abandon, murs historiques fragiles prêts à tomber.
Ce centre-ville nouvellement restauré contraste avec la périphérie dans laquelle nous logeons: immeubles à étages à perte de vue sur ce qu’était il y a 40 ans encore, une magnifique « Conco d’Oro », une plaine autrefois réputée pour ses plantations d’agrumes. Il n’en reste rien, plus un bout de terre ni de veilles bâtisses bourgeoises. Toute la côte est construite. Au détour de nos lectures, nous apprendrons que dès la fin de la deuxième guerre et jusque dans les années 90, la ville a vécu une folle expansion urbanistique alors que le centre historique a été laissé à l’abandon. (lire l’article « Main basse sur Palerme: planification et reconstruction de la capitale sicilienne depuis 1943 » de Fabrizio Maccaglia). Aujourd’hui, une urbanisation mieux pensée est l’enjeux des votations, en particulier la question des transports publics mais aussi la poursuite de la réfection des bâtiments avec des projets énormes prévus pour les années futures (lire par exemple l’article sur le projet de création du centre administratif).
En déambulant dans le dédale de cette ville, une envie folle de revoir le film « Le Guépard » de Visconti et les images du « Parrain 3 » de Coppola nous reviennent en tête. (La Coppola en sicilien c’est la casquette). Nous relisons avec délectations les méfaits de la mafia et nous savourons cette ambiance chaleureuse, un peu chaotique de cette ville qui nous met l’eau à la bouche à tous moments: commerces de fruits et légumes splendides, étales de « streetfood » à chaque coin de rue, boulangerie qui donnerait tenterait le plus sage des pénitents.
Ville dynamique. L’Université de Palerme et ses 63’000 étudiants abreuvent la ville en jeunesse!
Palerme est connue pour ses nombreux marchés à l’ambiance unique, l La variété de leurs étalages, au décor exotique. Les quatre sites principaux sont le marché de Ballaro, le marché de la Vucciria (du français «vociférer»), le marché du Capo et le marché du Borgo Vecchio. Nous en avons visité deux: Ballaro et Capo. Le marché de Capo fait partie des itinéraires touristiques, terriblement alléchant mais presque sage. Etales de légumes grandioses, produits locaux mis en avant (le bio n’est pas une thématique).
Le marché de Ballaro reflète peut être mieux l’expression des politiques et enjeux actuels. Quartier multiculturelle, lieu d’intégration des rescapés de la méditerranée en route vers un espoir meilleur, nouvelle répartition des tâches entre mafia et clandestins nigérians (cf l’article; Ballaro, l’Afrique en Europe, d’Etienne Dubuis), berceau créatifs et des nouvelles tendances, mouvement associatifs gestionnaires de leur quartier…Passionnant! (l’article paru dans Geo, « Le nouveau visage de Palerme », de Cécile Allegra, rend très bien compte des nouvelles dynamiques). Les élections pour la syndicature de Palerme auront lieu en juin: les thèmes principaux qui font débats: les transports et la gestion des déchets (qui de toute évidence est une urgence….!).
En 4 jours, voici un petit résumé de ce que nous retenons.
- Des quartiers presque médiévaux infinis, intacts
- 600 églises, avec des styles récupérant toutes les religions, l’influence arabe est magnifique
- Un joyaux, la Chapelle Palatine dans le Palais Royal, dans le Palais des Normands, un monument débuté au 12ème siècle totalement préservé et restauré du dernier tremblement de terre.
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