Planter pour l’avenir 150 arbres et 1000 plantes

Suivez nos aventures en recevant notre newsletter toutes les semaines, inscrivez-vous en cliquant ici puis renseignez votre nom et email.

Jérémy Waber et Mathieu Pochon, tous deux travaillant à l’association La Branche, ont mené un projet d’agroforesterie, en plantant près de 150 arbres (fruitiers, forestiers, arbustes) et 1000 plantes intercalaires, avec le concours de plus de 100 bénévoles ainsi que les collaborateurs et les habitants de l’institution. Un travail de grande ampleur qui apporte une réponse concrète et cohérente face aux enjeux de préservation des sols, de biodiversité cultivée et de résilience alimentaire.

Jérémy et Mathieu, les initiateurs engagés du projet

Jérémy Waber, responsable agricole à l’association La Branche

Jeremy Waber est venu s’installer à la ferme de la Branche en 2017 avec sa femme et ses enfants et il en a pris la responsabilité. Il produit des céréales et des légumes plein champs (pommes de terre, courges, betteraves), élève des vaches, moutons, chèvres. Avec le concours de ses collaborateurs et des habitants de la Branche tous porteurs d’une déficience intellectuelle, il prend également soin de la forêt St Amour et de plus de 150 arbres fruitiers. Passionné du vivant, cet ingénieur en agronomie est en perpétuelle recherche. Il aime innover et développer des pratiques durables et respectueuses des animaux, des hommes et des plantes.

Mathieu Pochon est ingénieur en environnement, spécialisé en développement territorial et en écologie urbaine. Son parcours diversifié et son expérience lui ont permis de construire une approche associant les compétences “métier” à l’intelligence collective et l’énergie de la participation. Il coordonne depuis 2017 une démarche écosystémique à l’association La Branche. Il s’emploie à redonner au site de la Branche déployé sur 35 hectares et soigné en biodynamie depuis 60 ans, une vision d’ensemble et développe des projets pour participer activement à une transition écologique. Au sein d’une démarche participative incluant les collaborateurs et habitants de la Branche, il a définit des axes de travail permettant le développement d’une vision et de projets cohérents, durables et résilient pour l’écosystème du site. Plusieurs thématiques interdépendantes sont prises en considération: biotopes et réseau écologique, espaces verts et espaces de rencontres, gestion de la mobilité sur site, gestion des ressources (eau, énergie, déchets), participation et communication.

Mathieu Pochon, Ingénieur en environnement, coordinateur de la démarche Ecosystémique à l’association la Branche

Le choix du terrain

Jérémy Waber cultive depuis plusieurs années des céréales sur le terrain dit de la Goille. Non protégé et soumis au vent du nord-est et à des étés de plus en plus chauds, le sol s’est progressivement érodé et péjoré. Cette érosion cumulée à la présence d’une rivière sous-terraine traversant le champs de part et d’autre en contrebas, ne permet plus à l’eau d’être absorbée par le sol en cas de fortes pluies, créant des accumulations d’eau stagnante. Une fraîcheur constante au sein de la terre arable est utile et même nécessaire à la végétation, mais une humidité surabondante est nuisible. Lorsque l’eau séjourne à la surface du sol, elle paralyse l’action des rayons solaires, fait périr les racines d’un grand nombre de végétaux. Lorsque Vincent Fatton, biologiste et Maitre socioprofessionnel à la Branche a informé Jérémy qu’un soutien financier existait pour participer à un projet inter-cantonal d’agroforesterie, Jérémy s’est immédiatement lancé dans l’aventure.

Le projet ressource Agro4esterie en bref

En 2020, les cantons de Vaud, Neuchâtel, Jura et Genève ont lancé le Projet ressource Agro4esterie, un vaste projet d’envergure participatif d’utilisation durable des ressources naturelles. L’agroforesterie moderne est un système de production durable, adapté à la mécanisation, qui intègre des éléments ligneux pluriannuels cultivés dans la surface agricole utile ou dans la région d’estivage. Elle permet de concilier la production agricole et la protection des ressources naturelles tout en réduisant l’impact environnemental de l’agriculture et en contribuant à l’atténuation des effets du changement climatique. Soutenus entre autre par AGRIDEA, ProConseil, BioSuisse et par la Confédération Suisse, ce projet permet à 140 exploitations de recevoir un financement et un soutien-conseil sur 6 ans.

Le projet

L’objectif du projet est de pouvoir continuer à cultiver des céréales tout en créant les conditions propices à l’existence d’un sol sain, perméable à l’eau mais aussi à un environnement adapté aux auxiliaires, qui viendront soutenir la pollinisation, la défense contre certains envahisseurs. La rentabilité issue des produits du champs doit également être assurée.

La plantation d’arbres différents en ligne, permettant le passage des machines pour la culture des céréales, est une réponse adaptées qui a de nombreux avantages: les arbres fruitiers produisent des fruits qui sont valorisés et vendus, les arbres forestiers (tilleul, chêne) font office de coupe-vent et protection pour les cultures, les arbustes (noisetiers, saule, aulne, etc.) sont utiles comme fourrage pour les animaux en cas sécheresse. Ils peuvent également être employés en tant que BRF (bois raméal fragmenté) pour favoriser la pédogenèse nécessaire à la création d’humus. Le tout favorise l’infiltration de l’eau et limite l’érosion. La biodiversité en est renforcée et des habitats pour la faune crées. Bien entendu, les arbres stockent la carbone. Enfin, la diversification des arbres plantés permet de ralentir la dissémination et la propagation d’éventuel maladies et invasifs.

Ci-dessous le plan de plantation imaginé, composé de différents variétés de pommiers, poiriers, pruniers. Le champ étant situé à 850 mètres d’altitude, il s’agira d’identifier les espèces les plus résistantes et adaptées. La variété des espèces permet également des temps de récoles plus espacés, les espèces ne fructifiant pas toute en même temps. Les arbustes intercalaires tels que les saules seront plantés au dessus de la rivières sous-terraines et les cassis et vignes, sur la sommet du champs, plus sec. Quelques nouvelles variétés plus résistantes au froid seront testées comme par exemple les kakis. Les grands arbres forestiers sont positionnés vers la route pour briser le vent.

La plantation aux milles mains

Les 150 arbres sont déposés au sol en attente de leur plantation. Ce mois de novembre est froid et venteux. Les racines sont protégées par de la terre, du pralinage et une toile de paillage. Une pluie intense a retardé la démarrage du projet d’une semaine. Un sol gorgé d’eau peut facilement se compacter par l’agrégation des différents éléments qui la constituent. La moindre pression exercée par un outil ou un piétinement suffit à écraser les argiles, les limons et les sables qui le structurent, et à les faire adhérer les uns aux autres. Conséquences, les interstices microscopiques qui les séparent, ainsi que les galeries creusées par la pédofaune (vers de terre, insectes, mycélium…) s’aplatissent et s’asphyxient.

Il a fallu de nombreuses mains et beaucoup d’enthousiasme pour creuser 150 trous profonds
Les racines des arbres ont également été enrobées d’un pralinage. Le pralinage consiste à enrober les racines, avant la plantation, avec un mélange boueux à base d’argile, de bouse de vache et d’eau.

Inviter les auxiliaires

Quelques murgiers ou tas de pierre sont installés dans le champs. Ils seront un refuge pour de nombreux animaux tels que les hermines, fouines ou reptiles. De tels éléments structurels représentent des cachettes et des lieux d’hivernage intéressants pour bon nombre de petits animaux en leur donnant un accès direct aux territoires de chasse tout en étant protégées du renard, trop grand pour pénétrer. Ils nous seront très utiles pour lutter contre les campagnols. Les pierres sont empilées de manière à créer suffisamment de cavités. Pour constituer de meilleurs lieux d’hivernage pour les reptiles et les amphibiens, les tas de pierres ont été partiellement enterrés.

Une équipe s’attèle à construire un perchoir à rapace. Ils permettent aux rapaces, diurnes et nocturnes, de trouver des postes de chasse à l’affut, de se sentir en sécurité grâce à la hauteur, de se reposer en plaine et donc de chasser sur une zone plus étendue. Cet aménagement permet de favoriser le maintien des prédateurs sur le territoire. 5 perchoirs seront installés sur le champs.

Ce projet est né à l’aube de notre départ, en novembre 2021. Nous nous réjouissons de revenir dans une année!

Laisser une réponse