Monte das Aromaticas – une quinta dédiée à la production et semi-transformation de plantes médicinales en expansion

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Carlos Nogueira, après avoir travaillé 20 ans comme designer de machines industrielles et chef de projet dans une grande entreprise automobile, a décidé du jour au lendemain de tout plaquer pour se lancer dans un projet dont il ne connaissait pas grand chose: la culture de plantes médicinales.

De nationalité portugaise né en France, y ayant fait toutes ses études et et ses premières expériences professionnelles, Carlos a demandé à être muté au Portugal après 10 ans de service au sein d’une entreprise. Son employeur étant d’envergure internationale, il peut choisir de retourner dans son pays d’origine dans lequel il n’a jamais vécu. Mais il ne peut décider du lieu et se retrouve en Alentejo, région qu’il ne connait pas bien. Durant cette période, il découvre son nouvel environnement et achète, sur un coup de cœur, et surtout avec une forte intuition dit-il, une maison à retaper établie sur un terrain de 4 hectares très escarpé, menant au sommet du mont.

Après 20 ans au service de la grande industrie, il ne supporte plus les relations humaines transformées et crispées par des objectifs de plus en plus tendus et des défis illusoires et écrasants d’une multinationale. Il quitte une sécurité de l’emploi et décide de créer son projet: cultiver et vendre des plantes médicinales.

Nous le rencontrons dans son jardin 10 ans après son coup de tête.

Un jardin très inattendu et pour le moins très perché…

Nous sommes dans un premier temps très surpris par les lieux. De nombreuses petites parcelles sont cultivées du bas du terrain, à 650 mètres, jusque tout en haut du mont, à 730 mètres. Des chênes lièges séculaires ombrent 60% du terrain. Des toiles noires en cours de démantèlement, recouvrent encore 40 des 4 hectares d’agroforesterie, parcelles en étages, construites depuis des centaines d’années sur les lignes de niveau, toutes irriguées par un vaste réseau de gouttes à gouttes.

Après avoir fait un premier tour de sa propriété, Carlos nous offre très généreusement sa maison pour notre séjour. Il dormira pendant ces quelques jours chez son amie, qui vit à Portalegre. Il nous prépare un feu avant de s’en aller et nous présente les lieux très confortables et joliment décorés.

Nous sommes très reconnaissants de cette confiance si vite accordée et heureux d’être au chaud. En étant remontés plus au Nord, nous retrouvons un froid plus intense. Carlos nous confie ses chats et chiens, avec qui le contact passe plutôt bien

Une culture de plantes médicinales travaillée en agroforesterie

Dimanche 8h00. Nous sommes en tenue de travail, Carlos et un employé arrivent. Après avoir avalé un petit café Delta, en route! Le programme de la matinée: ôter les toiles noires et travailler les sols. Carlos a en effet fait le pas et est en cours de certification Déméter. Rappelez vous, il a démarré son aventure sans connaissance et a débuté par mettre en œuvre les techniques les plus courantes et usuelles dans la région. Au fur et à mesure, il se renseigne, apprends lors de cours, par son expérience, lors de rencontres. Aujourd’hui, fort d’un savoir élaboré, il est convaincu de la nocivité de ces bâches qui épuise le sol. Pour lui, le plus grand problème avec ses toiles, est la perte d’eau qui se réparti très mal et qui parfois n’atteint pas la plante. Il est très conscient qu’il devra revoir l’ensemble de son plan de travail et prévoir plus de temps pour le soin des cultures. Il imagine déjà, au vu de la taille immense son terrain, dédier une personne au désherbage toute l’année. Il analyse ces jours l’acquisition de petit motoculteur pour un désherbage en douceur. Nous démarrons notre semaine de travail par cette activité qui nous occupera passablement toute la semaine. Nous passerons de nombreuses heures a supprimer ces toiles et travailler un sol devenu parfois très dur causé par une asphyxie de quelques années. Ces premiers travaux nous mettent en joie.

En travaillant dans ce jardin, nous apprenons à le connaître et à le comprendre. Carlos n’a jamais coupé un arbre et leur présence est évidemment bienfaisante telles que l’ombre, l’humus, le maintien du sol en pente raide…Carlos a cultivé tous les espaces disponibles en zigzaguant entre les arbres. Carlos a, intuitivement, développé un projet très moderne de cultures de plantes médicinales, en agroforesterie. La qualité du sol est excellente (hors toile noire), beaucoup de vers de terre, et quelques plantes bioindicatrices révélatrices, tel que le mouron des oiseaux (Stelaria) par exemple.

Carlos a également choisi un lieux riche en eau, toujours courante au fond du Vallon et, dans une zone telle que l’Alentejo, c’est évidemment de l’or. Une source démarre juste au dessus de chez lui et un ruisseau rivière coule tout le long, au bord de sa parcelle. Il a transformé sa piscine (alimentée par l’eau de source et par la pluie) en réservoir d’eau pour les cultures et installé 2 réservoirs d’eau stockant l’eau issue de deux puits de 100 mètres de profondeur pour sa consommation personnelle mais aussi en cas de sécheresse l’été (besoin de 5 à 9m3 par jour).

Devant sa maison, de nombreux arbres fruitiers viennent compléter un écosystème déjà précieux: figuier, citronnier, oranger, kaki, néflier etc. Enfin, Carlos a choisi d’accueillir quelques moutons qui le soutiennent très activement dans le soin au sol et dans le désherbage.

Monte das Aromaticas est un écosystème complet, autonome en eau, en nutriment, sans intrant, et respectueux de tous les êtres qui y vivent. A noter qu’à cette altitude et en Alentejo, les températures sont extrêmes: très froid en hiver et très chaud en été. Températures idéales pour stimuler les plantes médicinales à développant dans ces situations de stress, des principes actifs puissants.

Le label Déméter est très peu connu au Portugal et la culture Biologique ne représentait, en 2015, qu’environ 7 % des terres agricoles du pays. Bien que la production biologique se concentre principalement dans les régions de l’Alentejo, de Beira et Trás-os-Montes (84% des terres biologiques du pays se concentrent dans ces trois régions), la vraie difficulté pour un label Bio ou Déméter réside dans le fait de ne pas subir les pollutions de pesticides dispersés par les voisins…Pour Monte das Aromaticas, des résidus de pesticides sur les plantes vendues représenteraient la fin du marché. La situation très isolée de la plantation, en haut d’une colline représente donc un choix stratégique essentiel et protecteur.

Carlos projette d’acquérir d’autres parcelles adjacentes pour développer ses cultures de plantes médicinales. Raquel, Cheffe des cultures, nous confirmera que les sols en pente sont définitivement les plus ergonomiques pour la récolte des plantes. Notre surprise du départ s’est transformée au fur et à mesure de notre compréhension de la vie de cette exploitation (Quinta), en émerveillement devant cette étonnante sagacité.

Une activité florissante qui répond à des commandes

Dans cet environnement idéal, la production est planifiée en fonction d’un carnet de commandes. Carlos a d’abord créé un réseau de clients et a écouté leurs besoins. Il se positionne comme grossiste pour des entreprises pharmaceutiques, cosmétiques et les grandes enseignes de créatrices de tisanes, se concentrant sur quelques cultures ciblées adaptées à son lieux: Rosmarinus officinallis,Lavandula officinalis, Thymus citriodorata, Thymus vulgaris, Calendulas officinalis, Arnica montana, Cymbopogon citratus, Aloysia Tryphylla, Mentha spicata. En cas de grosses commandes qu’il ne pourrait pas peut honorer uniquement par sa production, Carlos peut compter sur un réseau de producteurs bio, dans la région, réseau qu’il a créé et qui lui fournit la matière première manquante.

L’activité de Carlos est donc florissante et les commandes affluent. Pour pouvoir y répondre, Carlos peut compter sur une équipe fidèle, joviale et travailleuse d’une part et, d’autre part il a très vite été obligé de trouver et d’inventer des outils de travail lui permettant de gagner du temps, tout en gardant la très haute qualité souhaitée. Nous vous présentons ici l’équipe et quelques trouvailles ingénieuses, qui font partie des très bonnes idées à retenir.

Une équipe joyeuse gérée par Raquel, l’adjointe de Carlos, cheffe des cultures

Carlos s’est, au fil des ans, constitué une fine équipe de grand travailleurs. Son pilier, son adjointe, sa partenaire de travail, c’est Raquel. Trente ans, elle assure l’organisation du travail depuis 6 ans.

Les autres employés, tout aussi fidèles, Rui , Marcio, Jorge, Nuno, viennent quelques heures par semaine, compléter le salaire d’un autre emploi en usine à 100%, et surtout prendre l’air et travailler dans une bonne ambiance. Si tous les matins Carlos rencontre toute son équipe à 8h00 autour d’un café et essaye de prendre les repas de midi avec son équipe et supervise quotidiennement au plus très le travail, c’est Raquel qui choie les ouvriers. Tous les matins, elle les accueille avec bienveillance, gentillesse et sourire. Elle les coachera avec droiture et souplesse toute la journée pour qu’ils puissent travailler beaucoup mais aussi apprendre et prendre plaisir. Elle veillera à les mettre au courant de toutes les tâches en cours et les fait participer aux réflexions d’actualité. Les pauses sont sacrées et Raquel tient à ses moments de convivialité. Pour fidéliser ses employés, elle fait attention à varier les tâches tout au long de la journée pour que les journées soient un bol d’air frais et de volupté. L’amour qu’elle porte à la nature, à ses moutons et aux plantes font d’elle une grande professionnelle, exigeante, très méticuleuse, compétente, drôle, qui met toute son âme dans son travail. Elle diffuse cette énergie sur toute l’équipe.

Des outils de production réinventés pour diminuer la manutention

Le peigne secoueur à olives

Les clients exigent une qualité de produit élevée. Les lot reçus de chez Monte das Aromaticas sont systématiquement analysés et jugés en fonction de leur odeur, leur apparence , de leur pureté biologique et de la composition chimique de la plante.

L’ensemble du processus de production de la plante participe à cette qualité, de la culture bien sûr, en passant par le séchage de la plante à l’émondage. Cette dernière étape est capitale, c’est elle qui permet de garantir une belle apparence du produit. Cette étape exige un grand soin et surtout beaucoup de temps. Elle est en principe faite à la main. En cas de commandes de plusieurs centaines de kilos, le processus doit être efficient.

L’équipe de Monte das Aromaticas, implantée dans une régions d’oliviers, a adapté le peigne secoueur à olives pour émonder de nombreuses plantes. Ci dessus l’exemple du thym. Cette ingénieuse trouvaille permet un émondage tout en douceur et rapide. Ce système fonctionne aussi très bien avec les menthes ou la verveine citronnée par exemple.

Un tamis en inox créé sur mesure

Les clients de Carlos attendent une qualité de produit exceptionnelle qui exigent souvent que les livraisons ne contiennent que des sépales ou des feuilles.

Toutes les herboristes ont cherché les tamis permettant cette finesse mais rares sont ceux qui ont réussi à trouver le tamis idéal et vraiment fonctionnel. L’équipe de Monte Das Aromaticas a fait construire par un voisin artisan capable du tout sur mesure, un tamis dessiné et spécialement conçu. L’ingéniosité du tamis et qu’il est composé de deux tapis, un grosse maille en fer et un plus petite maille, en plastique. Le plastique est plus doux plus la main, et là est l’habilité! De plus, il est en pente, est permet ainsi d’utiliser aussi la loi de la gravité dans le tri.

un changement de grille permet de trier la verveine

Le tamis utile pour les calendula et les centaurées

Ci dessous, la séparation des sépales du reste de la fleur de Calendula. Cette opération réalisée à la main est longue et exigeante. Ces sépales seront utilisées dans les tisanes pour les rendre belles. Elles doivent donc être jolies. Ce tamis nous a permis d’isoler les pétales de 2kilos de fleurs en 15 minutes!

La cisaille électrique à accus STIHL pour les coupes des plantes

Les deux machines coupe et récolteuse de plantes avec tapis

Sur 4 hectares, la récolte des plantes est immense. Carlos a imaginé et créé deux machines permettant de faciliter la tâches aux employés. Ces innovations sont d’autant plus les bienvenues que ces récoles sont faites en été à des températures à 45° et sur des terrains en pente.

La première machine permet une coupe rapide et des petits tapis ramassent les plantes et les stocks dans l’espace conçu à cet effet.

La seconde machine: une machine prévue initialement pour la récolte de thé (camélia) et détournée pour la récolte de verveine. Cette machine se porte à deux, un sac est accroché, tout ce qui est coupé est soufflé dans le sac. Carlos utilise cette machine pour 80% de ses récoltes: de la verveine, au thym, en passant par le romarin et la menthe.

Carlos met au service de son projet ses anciennes connaissances de designer. Ici, une réflexion pour la création d’une trieuse de feuilles par taille. Sous sa main, un schéma pour optimiser son tamis en inox…

La hacheuse

Les herboristes utilisent les feuilles entières mais aussi parfois les feuilles hachées. Hacher des centaines de kilos au couteau est évidemment trop long. Carlos a donc inventé la machine ci-dessous qui lui permet de hacher les plantes selon un calibre défini. Magnifique création, qualité de travail et gain de temps!

La pyramide pour favoriser la pousse des plantes

Il est assez aisé de définir le tempérament de Carlos: pragmatique, fondamentalement optimiste, fondamentalement amoureux du vivant et orienté résultats. Sa curiosité et sa permanente soif de connaissances et de recherche se découvre, petit à petit en vivant avec et chez lui. En déambulant dans sa quinta, on y découvre des objets tels que des serpentines dynamisantes ou une pyramide…Après avoir rencontré Evan Doorne et lu ses écrits sur les pyramides, Carlos en a construite une en cuivre et dans les règles de l’art. A notre arrivée, la pyramide était en hivernage sur une terrasse. Nous lui avons proposé de l’installer dans une serre afin de stimuler la croissance des 2500 semis d’Arnica que nous venons de faire Raquel et moi. Raquel va observer la croissance des 2 séries de plantons d’Arnica, une dans la pyramide et une à coté. Elle nous promet de nous tenir informé de ses observations.

Nous avons travaillé 8 jours avec Carlos, Raquel et toute l’équipe. Nous les remercions ici de tout notre cœur pour leur accueil, leurs explications, leur gentillesse. Nous partons demain matin contents de continuer notre aventure mais un peut triste de quitter ce lieux magnifique, Carlos, Raquel, l’équipe…et tous ces chats et toutous!

2 réponses

  1. ehrensperger monique dit:
    La pyramide !! ça existe toujours quelle surprise , j'en ai encore une en mini ,mais avec les mesures exactes .

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