Joséphine et Vito, engagés en faveur des migrants

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Il nous reste une trentaine de kilomètres pour rejoindre Bari. A 17h00, il fait encore chaud, nous devons faire le plein en eau. Nous nous arrêtons dans le très joli village d’Adelfia.

Occupés à recharger nos gourdes, Vito et Joséphine nous accostent spontanément, très directement et joyeusement. « D’où venez-vous? Aimez vous notre jolie ville?« …Les échanges s’enchaînent et nous apprenons que ce couple est engagé en tant que bénévoles auprès de migrants. Cours de français, soutien administratif, distribution de nourriture…bref, tout ce qui peut être utile. Joséphine nous explique que le soutien de l’Etat est trop faible…

Grâce à cette très brève rencontre, nous réabordons de très haut les questions d’immigration et d’émigration.

L’émigration, qui se croise ces dernières décénnies avec la forte immigration des italiens vers le nord de l’Europe, est un sujet historique et d’importance en Italie. Lors de nos démabulations au sein de campagnes de la Calabre et de la Basilicate, nous avons croisés de nombreux pakistanais ou sénégalais dans les champs…Ouvriers bon marché en attente de la camionette qui viendra leur donner une journée de travail.

Sur notre route, de nombreux villages au nom évoquant l’histoire de l’Albanie: San Costantino Albanese, Spezzano Albanese ( villages qui tirent leur nom des Albanais fuyant l’avance ottomane, qui s’y sont installés au xve siècle déjà. Au gré de nos lectures, nous apprenons que ces communautés d’albanais se sont fortement intégrées. Aujourd’hui encore, les dialectes parlés dans quelques villages sont un mélange des langues d’origines albanaises et d’italien. La « Ndrangheta« , trisement célèbre, est implantée dans les régions que nous avons traversés (https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2017-4-page-157.htm).

Vito et Joséphine évoquent aussi les albanais arrivés plus récemment, ces dernières décennies, travailleurs et agréables selon eux. Dans un autre village, une femme nous a parlé avec plus d’hostilité de ces albanais qui sont « venus envahir la vielle vielle de Rotondella…et …réouvrir l’école grâce à eux« …Les dernières vagues d’émigration des albanais, dès 1990, réavivent toutes les dynamiques complexes d’intégration, entre préjugés, stéréotypes, stratégies d’intégration que l’on retrouve souvent, lors de chaque vague migratoire, ici ou ailleurs (https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2015-2-page-109.htm).

Notre traversée de cette partie de l’Italie a été bien trop rapide. Nous n’avons pas eu le temps de nous rendre dans ces villages qui ont survécu grâce à une émigration récente. (https://www.solidarum.org/vivre-ensemble/en-calabre-migrants-revitalisent-villages); (https://information.tv5monde.com/culture/italie-un-village-de-calabre-revit-avec-ses-migrants-151129).

Comme en Espagne, de nombreux villages se vident et meurt. Mais nous avons la sensation qu’ici en Italie, de nombreuses stratégies sont déployées pour lutter contre cette réalité. L’acceuil des migrants est une réponse (pas simple et plutôt polémique, voir dangereuse pour les maires qui s’y aventurent! ). Il y en a d’autres, comme le développement de la mise en valeur du patrimoine historique et culturel des villages. En Sicile par exemple, en 2002, l’UNESCO a classé au patrimoine mondial 8 villes du Val di Noto à savoir Caltagirone, Militello Val di Catania, Catane, Modica, Noto, Palazzolo, Raguse et Scicli. Pour l’ensemble de l’Italie, 51 villes et villages sont maintenant inscrits au rang de patrimoine mondiale. Cette semaine, nous avons eu la chance de découvrir Matera…Epoustoufflant (lire notre brève)!

Merci à Vito et Joséphine pour l’ouverture sur cette fenêtre sociologique et historique fondamentale italienne! Ils nous conseillent viviement de revenir à Adelfia le 10 novembre, célébration religieuse grandiose de SAn Triphone. Nous ne savons pas si nous pourrons y revenir, mais pour les amateurs de ferveur chrétienne, voici une bonne adresse!

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