Le potager de l’Europe me donne envie d’aller chez le psy !

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Les 23,24,25 février 2022, traversée à vélo des 150 km de ‘’potagers’’ situés à l’Ouest d’Almeria-Andalousie, via les chemins de traverse.

Au vu de la complexité du sujet, nous rappelons aux lecteurs que ce blog  est rédigé sans aucune prétention scientifique. C’est à une date donnée une photographie réalisée via un déplacement de 3 jours, à 8km/h, par nos yeux, notre nez et notre expérience des cultures agricoles en générale. Les chiffres articulés sont puisés dans la littérature dont nous citons les sources en fin d’article et qui nous semblent plausibles au regard de nos expériences. La date du blog est importante au regard des sources citées (certaines ne sont pas récentes, mais nous paraissent pertinentes car dans ce domaine de l’agriculture/maraîchage intensif, les techniques évoluent rapidement, le climat également! Aucune analyse du sol, de l’eau ou de l’air n’a été effectuée. Au regard des conditions de travail, seules nos observations sont fiables, aucun chiffre n’a été contrôlé. Nous sommes comme tout le monde, des consommateurs de légumes- toutes saisons confondues, indépendants financièrement et intellectuellement, sans être activiste.

Espagne, Sud de l’Andalousie, entre MALAGA et ALMERIA, le potager qui nourrit une part des 450 millions d’européens

Nous avons essayé de structurer notre récit en 5 rubriques:

  • La genèse de notre de notre passage à Alméria
  • Un site hors normes
  • Le sentiment d’une zone de non-droit
  • La tristesse – le dégoût
  • Imaginer quelle pourrait être la suite de l’activité de cette zone

La genèse de notre passage à Almeria

Il nous a fallu plusieurs jours pour rédiger ce blog, devant la multiplicité des questions qui se présentaient, au fur et à mesure de la découverte du site et de ses fondamentaux. Depuis des décennies, les consommatrices-consommateurs, acheteuses-acheteurs professionnelles sont au courant de la réalité des choses. Adolescent, ma mère, me recommandait déjà dans les années 80 d’éviter d’acheter des légumes en provenance d’Almeria, région reconnue pour son maraîchage intensif peu scrupuleux des règles de santé publique, « d’écologie » à l’époque mot très peu utilisé, et des règles sociales. Dans le cadre de notre parcours, la région d’Almeria se présentait comme une option « anthropologique », en concurrence avec les visites de productions médicinales plus au Nord, fil conducteur de notre vagabondage sabbatique. Nous avons décidé de vivre notre époque pleinement et de respirer quelques heures durant, « le potager de l’Europe« , en dépit de nos à priori, nous n’avons pas été déçus.

Un site hors norme

Depuis la sortie de Malaga, nous faisons connaissance avec les structures de productions horticoles et maraîchères qui utilisent des serres sahariennes pour cultiver fruits et légumes. Communément, l’on parle de ‘’serres’’. Précisément, une serre est une structure rigide en verre, avec ou sans parties en matériaux composites-plastiques se différenciant des tunnels constitués d’arceaux métalliques bâchés de plastique transparent – plastiques que l’on renouvelle, en Europe du Nord, tous les 5 à 7 ans suivant les qualités, les cultures, et surtout leur capacité de filtration des rayons ultra-violets selon leur durée d’utilisation.

La serre saharienne ou canarienne, c’est le mix du tunnel et de la serre rigide, couverte de plastique ou selon la saison de toiles noires ou blanches filtrant le soleil selon les besoins des cultures, avec des ouvertures latérales de toiles maillées filtrantes, laissant passer plus ou moins le vent nécessaire à la ventilation. Selon les cas, la ventilation naturelle (ouverture sous le vent dominant) est installée sur le faîte.

Nous entrons dans un labyrinthe, une mer de plastique.

Des milliers d’hectares de serres sahariennes orientées au Sud, accrochées aux côtes rocheuses depuis Malaga. Puis, en direction de Valence, dans la région d’Almeria, les serres sont progressivement installées sur d’anciennes plaines désertiques plus planes. Enfin, à l’Est d’Almeria, développement des serres se poursuit dans les collines aménagées, aplanies à grands coups de bulldozers.

(35’000 hectares juste pour la région d’El Ejido – à titre de comparaison la plaine de l’Orbe en Suisse romande, doit représenter 80 à 100 hectares alimentant environ 800’000 personnes- ce qui vous donne par proportion l’importance de niveau « mondial » du site)

Les plastiques sont jaunis par le soleil intense (3000 heures/an) et par les sables sahariens et certainement par les embruns de la mer. De loin et vu du ciel, on dirait de la neige. De près, « des favellas ».  Le soin apporté aux constructions n’étant pas toujours homogène dans cette région, on y trouve souvent des serres en ruine, de multiples restes de plastique de diverses couleurs, provenance et usages… Une conception esthétique qui nous heurte, assez éloignée de l’ordre nordique.

Le site est néanmoins grandiose, limité au Nord par des Sierras hautes de 1000 à 2000 mètres et au Sud par la mer éloignée d’une centaine de kilomètres du Maroc. La terre est rouge, brune et la végétation rare le long de cette côte brûlée de soleil. Seules les parties verdoyantes sont des sites protégés par différentes législations en matière de parc nationaux, réserves, etc…

Les serres sont partout où le sol est presque plat; sur les côtes rocheuses, agrippées à la montagne; parfois à quelques mètres de la mer (La Rabita – El Pozuelo); parfois installées sur d’anciennes terrasses de quelques mètres de large établies par les Maures (Maro) (tout comme on peut le voir dans la région de Nice en France et San Remo/Italie).

Les serres suivent les courbes de niveau, pas un centimètre de terrain plat qui ne soit couvert, des chemins en terre serpentent entre les groupes de serres pour assurer leurs accès. Le génie civil, défie les lois de la pesanteur, de la pluviométrie irrégulière, il ferait fuir n’importe quel ingénieur du Nord de l’Europe. En Espagne, tout est apparemment possible. Au milieu de certaines zones de serres, des promotions immobilières, de tous niveaux, des clubs équestres miteux avec des paddocks microscopiques et des chevaux sans pâture. Evidemment des habitations pour les travailleurs, mais nous ne les verrons pas , le terrain est plat et c’est un dédale de ruelles qui ne nous donne pas envie de nous y perdre.

Le sentiment d’une zone de non droit

La première interpellation, c’est celle de l’utilisation du sol. La seule règle, semble être celle de laisser le passage d’un véhicule. La route, espace public, fait office de zone de tri, nettoyage des récoltes, conditionnement, chargements, entreposage sur les bords, des composts de restes de cultures contenant environ 20% de matières plastiques telles que ficelles de tuteurage, restes de bâches plastique de culture.

Les serres sont adaptées au paysage. Elle le découpe, le ciselle, en redéfinissent ses lignes de courbes altimétriques. Voir même, le paysage est « adapté » aux serres, par des travaux de génie pour mettre à plat. On creuse la roche partout, on comble. La règle « suisse des 80 cm de respect du niveau naturel du sol » est une gentille pensée de scout. La zone était encore désertique dans les années cinquante, autorisant le tournage de plus de 400 films, de westerns.

Le biotope originel, c’est celui des westerns de Sergio Leone, une végétation éparse sur un sol caillouteux, ne dépassant pas 100 cm de hauteur, composée de petits buissons d’ajoncs, lavandes sauvages et buissons épineux.

La zone est désormais un gigantesque hommage au sculpteur américain Cristo maître des architectures et installations monumentales emballées.

La zone fait penser à « La fièvre de l’Or » de Jack London, « L’or » de Blaise Cendras, plus récemment les Garimpeiros immortalisés par le photographe Sebastiao Salgado, une mante religieuse blanche phagocytant le paysage jour après jour.

La deuxième interpellation, c’est la place des hommes, des animaux dans ce cirque industriel, pseudo industriel et de bricoleurs du dimanche. Tous les types d’entreprises sont présentes ; des multinationales Syngenta, Monsanto, les entreprises privées clinquantes, d’une propreté exemplaire aux consonnances belges, allemandes, hollandaises, françaises et helvétiques. La crème de l’agro-business est présente ici à El Ejido : obtenteurs de graines, semis, jeunes plants, terreaux, matériels agricoles. Nous avons croisés des centaines de hangars contenant des produits chimiques, engrais, pesticides, biocontrôle, entreprises gérant les questions d’irrigation, jusqu’aux recycleurs de bâches dont les tags publicitaires ornent les angles de rues. J’ai oublié un détail, invisible : les dortoirs des journaliers. Nous ne les verrons pas, invisibles, mais dont nous identifions clairement leur présence aux bruits, aux odeurs de nourriture, dans ce village de toile, étanche aux regards mais transparent à l’air et aux bruits. Un air qui ne sentira JAMAIS la verdure, la feuille de choux, le poivron, l’odeur de la tomate, du persil, de l’estragon, de notre basilic si apprécié, aucune odeur végétale, une simple odeur de la feuille froissée. C’est plutôt une odeur de mort, de fin d’une histoire, une odeur de rien, de poussière, de produits de traitement parfois, une odeur de charogne, de dépotoirs, dans certains endroits, de vase. Les bennes d’évacuation sont trop étroites, enfouies sous un mélange d’ordures ménagères et d’ordures industrielles, ordures de maçonnerie, jetées au vol, devant nos yeux, à 20 mètres d’un village ressemblant davantage aux constructions nord-africaines qu’aux ‘’Resorts’’ ripolinés et gardés, de Marbella.

Le bruit : il n’y en a pas !!!! Le bruit discret d’une pompe d’irrigation, une camionnette de temps en temps, des journaliers – employés qui s’interpellent, mais on ne voit personne, les légumes poussent dans un silence royal, aucunement dérangés par les insectes, les oiseaux qui ont déserté ce coin de planète peu accueillant.

Pourquoi une zone de non droit ?

Parce que l’on sent ici que tout s’est développé très vite, sans plan, sans respect d’une histoire qui n’existe pas.

La ville d’El Ejido est passée de 3’000 personnes à 100’000 en 50 ans. Même les USA ne se sont pas développés si vite. Alors tout est bon, tout est bon pour faire pousser et exporter rapidement. Le paysage est organisé dans cette optique très simple à court terme : les serres démarrent sur les plages de graviers, s’arrête à la verticalité de la montagne.

L’autoroute, les nationales, les routes d’accès sont creusées dans la montagne visibles à des dizaines de kilomètres par les remblais, déblais, saignées de plusieurs centaines de mètres de roches qui dévalent jusque dans la mer.

La mer sert souvent de dépotoir

On balance, dans la parcelle du dessous, la gravité assure le traitement du déchet quand le feu bienvenu ne s’en charge pas, avant que la flore et faune marine n’assurent le traitement final par une autodestruction- étouffement alimentaire. Nous vous épargnons évidemment les milliers de photos témoignant de ce manque de respect.

L’eau des nappes phréatiques n’existe quasiment plus, celles qui restent sont polluées de pesticides et sont devenues salines avec la proximité de la mer. L’eau provient désormais des montagnes (Comme toutes les grandes villes – New-York, Lausanne, La Chaux de Fonds… 😊). … Ou quand on n’arrose pas directement avec l’eau de la mer (désalinisée en quelques heures par des adjuvants chimiques dont nous n’avons pas trouvé la composition mais procédé qui nous a été confirmé de vive voix par un employé régulier des serres)…. Who cares?

La terre : quelle terre ? C’est une microcouche de 5 à 10 cm, au mieux dans certains endroits, au mieux du sable, du gravier, sur lequel sont posés des plantons de légumes arrosés au goutte-à-goutte. Les cultures évoluent rapidement vers les techniques d’hydroponie. Le succès tient à la maîtrise des ‘’jus’’, des mixes de solutions nutritives. La culture terminée, on passe à la suivante, en « nettoyant » la serre. Aucun déchet de culture n’est réincorporé ou restitué au sol. Aucune création de matière organique. On nous parle des sols ukrainiens contenants 3 à 15% de matière organique, ici on doit être proche de zéro. Les rendements estimés sont de 30 à 50 tonnes par hectare. Soit, 3 à 5 kg/m2 pour vous donner une idée de votre productivité personnelle dans votre potager familial, si vous essayez de faire pousser des carottes plusieurs années de suite. Mathématiquement, si l’on extrait de la terre 3 à 5 kg de légumes par m2 et par an, même si un légume est constitué d’eau entre 80 et 95% , qu’est-il restitué à la terre? Pas du fumier en tout cas sous aucune forme fraîche sèche, granulés, dont nous aurions vu en 3 jours un emballage, un sac , un big-bag de 500kg… nada, rien, de rien…c’est un lieu de magie, c’est le soleil !

Si le sol est trop pollué, on le décape

Il est remplacé par du sable, les déblais pollués sont discrètement évacués sur de futures parcelles à combler ou sur la parcelle voisine désaffectée mais toujours encombrées de ses anciennes structures de production rouillées et non débarrassées.

Le soleil, oui, il faut beaucoup. Il assure le processus de photosynthèse sur une période la plus longue possible en Europe, 3000 heures, le soleil et surtout la chaleur capturée par les serres.

Malheureusement, la chaleur ne suffit pas, il faut du vent pour éviter l’humidité sur les feuilles des plantes qui attirent les champignons, notamment le fameux mildiou. Et bien du vent, dans cette plaine il y en a, d’où l’implantation des serres dans ce biotope magique. Vent d’Est froid, vent provenant de la mer, mais vent insuffisant pour ventiler des constructions basses maximum 3 mètres de hauteur quand on construit à 8 mètres et plus en Europe du Nord.

Ici, la culture c’est la chimie!

Faute d’aération suffisante, on fait appel à l’anti-mildiou mis au point par l’agrochimie. Si vous ne savez lequel choisir, pas de problème, à chaque carrefour, de gigantesques affiches font la promotion du meilleur fongicide, insecticide, graine de semence (F1 – stérile pour la 2ème année si vous les utilisez…). Aucune affiche culturelle du prochain concert de rap.

Petit bémol dans notre étonnement, Bioandermatt société suisse est aussi présente, son affiche, la seule à promouvoir des méthodes culturales bio.

Non droit, parce que, droit de polluer, de rejeter des eaux chargées de polluants (cf. notre photo d’un réservoir avec de l’eau bleue – sans bâche, et nous étions à jeun, ce n’était pas une piscine), puits historiques, comblés par des détritus de toutes sortes, détritus partout, partout, le vent arrachant les bâches qui auraient dues être renouvelées depuis longtemps.

Aucune mention sur les serres, d’entreprise bio – sous contrôle d’un organisme reconnu, Iso 14000…SGS, rien nada, chacun se débat pour produire au moins cher et vendre le plus à celui qui achète au moins cher.

Les coopératives de conditionnement et de commercialisation, bordent les abords des sorties d’autoroutes, fréquentées par les acheteurs nord-européens, tout est impeccable, aucun doute sur la qualité.

La qualité ?

Vaste débat : les produits sont magnifiques…

Enormes, colorés, obèses, sans aucun défaut, luisants, tous comme les fraises de Huelva qui font près de 200gr /pièce. C’est magique! C’est Alice au pays de merveilles, tout est parfait, essayez de faire la même chose dans votre potager en vous tuant le dos et noircissant vos ongles, avec vos pulvérisation d’engrais végétaux fermentés, vos composts bios, vos fumiers bios et vos délicates mains enlevant un à un, insectes, cochenilles, brossant les champignons des feuilles… je m’égare!.

Et quand ces merveilleux légumes ne correspondant pas aux critères des acheteurs du Nord, comme on dit dans le métier,  »on benne ». Ici aussi on benne, mais avec respect pour la chaîne alimentaire. Vu pour vous , l’évacuation des concombres. Chez les moutons et chèvres, qui en ont reçu 5 tonnes devant nos yeux!

L’agneau pascal sera parfumé au concombre cette année et la viande se conservera toute seule sans réfrigérateur au soleil.. effet garanti…

5 tonnes de concombres , certainement avec des défauts, déversés en une seconde à des moutons parqués/élevés sur une parcelle sans herbe au milieu des serres – Pauvreté extrême, manque de connaissance agronomique, c’est CHEZ NOUS!

Une immense tristesse, dégoût

Vous l’avez compris, même si nous étions préparés psychologiquement à voir du  »trash », du hideux, du chimique, de la production hors-sol, du plastique, nous avons été submergés par la somme des horreurs sans jamais trouver une oasis d’espoir au milieu de ce cloaque.. Ce miroir d’une partie de notre mode de vie nous marquera longtemps. Nous nous sentons complice de cette gabegie, nous avons comme tout le monde consommé des pizzas, des sauces tomate…. Nous sommes désabusés devant les dommages causés à l’environnement, aux travailleurs et aux consommateurs qui n’ont pas les moyens d’aller dans des épiceries bio de quartier.

L’Europe se nourri d’un potager établi dans un désert au milieu de détritus de plastique faisant vivre 120’000 personnes une région ou la seule infrastructure sérieuse, ce sont les routes, pour alimenter et livrer les produits finis. Pas de train (Si le train existe en Angleterre depuis 1804 (Richard Trevihick), il n’y en a toujours pas à El Ejido, desservit par 1000 semi-remorques par jour, pour sortir 40’000 tonnes par jour de marchandise), pas d’infrastructure d’eau digne de ce nom pour assurer une irrigation de qualité, des circuits de collecte et traitements des déchets et ordures ménagères clairement sous-dimensionnés. Un cynisme dans certain équipement comme cette piste cyclable incroyable par sa qualité qui serpente entre El Ejido et La Roqueta del Mar, construite non pas pour les touristes bobos ou les inconscients comme nous, mais pour que les travailleurs sans véhicule puissent circuler sans dommage de leur lieu d’habitation vers les serres.

Le système développé à El Ejido permet à certains de vivre, quelques-uns, pour le reste, de survivre. Et nous , consommateurs avides, dans la croyance que consommer des légumes bon marché est bon pour la santé et pour notre porte-monnaie.

Un immense dégoût: dégoût des produits, dégoût des installations, dégoût des lieux.

Combien de temps les consommateurs dont nous faisons partie, mettront-ils pour faire évoluer ce potager indécent vers des critères renouvelables, de santé publique acceptable et éthique? Concernant le statut des personnels (patrons, employés, journaliers, cadres internationaux, des contrats, des conventions existent, certains sont respectées d’autres pas? (cf. notre brève: Jibril, ouvrier agricole, sous contrat de travail, recevra le Saint Graal de l’Espagne, si son patron le veut bien.)

Quel avenir pour cette industrie et cette zone ?

Si la zone s’étend toujours vers l’Est en direction de Murcie, il semble que les petites exploitations soient en perte de vitesse et sujettes à davantage de faillites. Partout des serres en ruine, partout, au profit de la reprise par de grandes structures, de grandes coopératives professionnalisant la production. Au vu de nos 3 jours de traversée de ce désert de plastique, les grandes entreprises  »semblent » plus sérieuses, certainement sous la pression de leurs acheteurs, et d’une opinion publique régulièrement informée des travers du système..

Le contrôle des pollutions/recyclages : oui nous avons vu sur 150km, 2 entreprises importantes de recyclages des plastiques de serres dont une produisait de l’énergie, mais il y a encore du travail sur la collecte, le tri…

Oui nous avons vu des pratiques culturales de ‘‘biocontrôle » destinées à remplacer les pesticides-insecticides.

Image prise à la sauvette à travers un filet de protection, d’une culture de courgettes, équipée de plaque de plastiques bleues destinées à piéger des insectes ravageurs par un enduit de phérormones qui les attirent, et les scotchent par de la glue. Une pratique de biocontrôle qui se généraliserait en évitant d’utiliser des pesticides.

Est-il raisonnable de faire venir au Nord de l’Europe, encore des salades à 10/20cts transportées sur 1500-2000km ?

A l’heure de l’augmentation vertigineuse du coût des énergies, j’imagine que l’avenir des fermes verticales situées au milieu des consommateurs de grandes villes, soit une des réponses à ce gigantesque gaspillage d’énergies et de pollutions long terme du site, des eaux, de la mer et des organismes consommant ces produits régulièrement.

Les autorités sont parfaitement conscientes du malaise que représente la croissante galopante des serres. L’ancien maire propose de relier par un train la ville d’El Ejido avec Alméria. El Ejido est la plus grosse ville espagnole non reliée au réseau ferroviaire, 1000 semi-remorques quittent la ville tous les jours pour remonter les productions vers le Nord de l’Europe.

Le tourisme semble être une option développée depuis 1950, par les autorités pour assurer sur le long terme la santé de l’économie locale crée par le boom des serres. Nous traversons ainsi des stations balnéaires construites de toute pièce, ou en cours de construction , des  »resorts » luxueux, des ports, des digues pour protéger des plages parfaitement nettoyées, exemptes de tout plastique A La Rabita, clairement la Municipalité libère la plage des serres en les faisant reculer, le tout avec des zones industrielles et commerciale, mixant shopping, centres de loisirs et cinémas, comme nous en avons dans la périphérie des nos villes du Nord, voir du lac Léman..

La crise du Covid, les pénuries liées à l’approvisionnement asiatique, la hausse des matières premières, le contrôle souhaité par la Russie sur le grenier à blé ukrainien, la production décentralisée de nos salades dans des conditions que nous ne souhaitons pas , sont autant de motivations de restreindre nos consommations en évitant le gaspillage, en consommant local, en évitant d’acheter des fraises en février et de consommer des fruits exotiques.

C’est nous les consommateurs, nous qui pourrons seuls faire évoluer ce triste coin de planète, il y a du job, en tout cas, pour faire réagir mes amis véganiens, au sortir de ce bagne végétal, je me demande si je ne devrais pas redevenir carnivore, allez, on oublie tout cela, c’est parti pour un tapas au foie gras et sa réduction d’oranges confites, présenté sur un lit de poivrons………

Boutique dans Valence, c’est beau, bien présenté, mais trop luisant pour être sain!!!

Article écrit durant  »l’opération militaire  » en Ukraine, à relativiser dans l’échelle des désastre mondiaux.

26 février 2022 – Philippe Gendret- Cécile Ehrensperger

Sources: il y a plus de 80’000 références Google parues sur Almeria-serres-El Ejido, nous vous en proposons 4 et deux sur les questions de sècheresse produites par l’excellente site  »El Tiempo.es »

Comprendre l’historique des lieux https://lejournalminimal.fr/lhistoire-dalmeria-ce-desert-andalou-detruit-par-lagriculture-intensive-sous-serres-en-plastique/

Les conditions sociales vues en 2003 – vision syndicaliste mais qui semble très proche de ce que nous voyons, super article

La météo- sècheresses exceptionnelles en 2022 https://www.eltiempo.es/noticias/la-sequia-amplifica-el-riesgo-de-incendios-en-pleno-invierno

Le site officiel Andalousie tourisme:

Un excellent résumé du 09.08. 2021 de la situation https://www.wedemain.fr/ralentir/almeria-la-face-cachee-du-potager-de-leurope/

Une synthèse des problèmes hydriques de la péninsule ibérique via le site hyper bien documenté mode MétéoSuisse de eltiempo.es https://www.eltiempo.es/noticias/nivel-embalses-febrero-sequia

3 réponses

  1. ehrensperger Monique dit:
    Fallait vos yeux pour le voir et le croire!!!Je vais continuer à me noircir les ongles et faire mes purins d'orties . Passez votre chemin les cyclistes,c'est vraiment trop laid et déprimant. Merci pour ce long compte rendu détaillé qui nous laisse perplexe devant tant de laideur et d'absolument aucun respect de la terre et des hommes . A l´'époque et peut-ètre encore aujourd'hui c'étaient les légumes de Hollande que nous les écolos refusions d'acheter.
  2. Dufour-Fallot Brigitte dit:
    De visu ! Merci pour le temps pris pour ce témoignage dantesque. Que voulons-nous laisser à nos petits enfants ???… il faut continuer à témoigner, expliquer, montrer… votre article devrait participer à ouvrir les yeux de ceux qui nient et qui continuent à acheter ces légumes et fruits rutilants et obèses. La promotion d’une alimentation durable est indispensable.

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