La nouvelle agriculture italienne est là!

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Bari, 14 juin 2022

Nous avions prévu de rejoindre Montalbano Jonico pour la soirée mais c’était sans compter sur un vent de 50 km/h de face…Nous avons abdiqué quelques 15 kilomètres plus tôt, n’atteignant pas nos 90 km prévus. Terrassés par la chaleur, par une côte de mer ionienne monotone et détruite par de gigantesques autoroutes construites à la hâte sur des routes secondaires, par la traversée d’une campagne ouvrière urbanisée à la va vite il y a 30 ans, nous cherchons un coin pour nous reposer. Notre moral n’est pas très bon, constatant qu’une partie de l’Italie est saccagée, nos jambes fatiguées de lutter contre les vents et nos oreilles bourdonnantes.

Nous apercevons une fontaine et au loin un homme travaillant dans un champs d’haricots. Nous partons à sa rencontre. Nous lui demandons l’autorisation de planter notre tente dans son champs d’oliviers.

Guiseppe, jurisite, nous accueille avec élégance dans ses champs. L’agriculture est sa réelle passion.

Giuseppe nous explique qu’il a étudié le Droit en Italie du nord et décidé par passion de revenir travailler sur les terres de son « nonno » et de son père. Il a commencé par convertir la vingtaine d’hectares de sa famille en bio. Il connaît très bien la situation en Espagne et a l’espoir que l’Italie ne prenne pas le même chemin. Il n’est pas seul. Beaucoup de ses amis partis se former à l’université sont revenus eux aussi sur leurs terres. Ceux restés au nord de l’Italie sont impatients de pouvoir manger des produits italiens bio. Non par nationalisme nous dit-il, mais par respect pour la santé et pour la terre. Pour pouvoir répondre à cette stimulation, Giuseppe projette la création d’ un laboratoire de transformation de ses produits. Dans un court terme, il se lancera dans la culture de champignons. La région s’y prête bien, très chaude en été, et surtout froide en hiver. Actuellement, il vend ses produits en circuit court, sur les bords de route. Pour trouver les bons produits de la région, n’allez pas dans les magasins! ils regorgent de produits transformés et de produits venus de loin…Par de produits frais locaux…

Giuseppe est très représentatif des spécificités de l’agriculture italienne: contrairement à l’Espagne qui s’est largement tournée vers une agriculture intensive et des productions d’économie d’échelle, les exploitations agricoles italiennes sont en très grande majorité plus petites, moins de 50 hectares par exploitations (+ de 2% sont des très grandes exploitations). L’Italie a misé sur le principe marketing Made In Italy et sur la valorisation de produits à haute valeur ajoutée. Giuseppe, avec sa trentaine d’hectares, sa reconversion en bio, une polyculture et le projet de transformation des produits cherche en effet à se positionner sur un marché de qualité, locale, voir européen. Il n’est pas non plus une exception en tant que jeune diplômé qui revient à la terre. Ce phénomène est décrit depuis une petite dizaine d’année déjà. « Dans les campagnes italiennes, c’est un phénomène récent, mais qui s’accentue : les jeunes redécouvrent le secteur de l’agriculture. Ils sont souvent citadins et surdiplômés. Du nord au sud de la Péninsule, ils sont 50 000 de moins de 35 ans à avoir fait le choix du retour à la terre » France Info – 2019.

La force de cette stratégie sera de toute évidence soutenue par la capacité associative des jeunes à se regrouper, phénomène qui existe et se développe déjà largement (https://www.euractiv.fr/section/agriculture-alimentation/news/les-jeunes-agriculteurs-italiens-doivent-creer-des-reseaux-pour-sen-sortir/).

Apprenant que Philippe est agronome, il nous propose une visite de son champs. Orangers, oliviers, haricots, poivrons, piments, aubergines…Le tout est soigneusement cultivé. Giuseppe constate aussi le changement climatique, températures extrêmes et fin des saisons. Avec un travail du sol adapté et une arboriculture, il s’adaptera. A 19 heures, nous constatons que la biodiversité de la faune est au rendez-vous. les coccinelles sont partout, les punaises mangeuses de mouches blanches s’en donnent à cœur joie. Nous devons également éviter d’énorme fourmis noires qui parcourent tout le domaine. La terre n’est pas facile, dans ce lieu, fortement argileuse, elle se tasse facilement, Guiseppe veille dans ses culture de haricots à incorporer un compost grossir avec chaque graine semées afin de garantir une bonne levée des semis et éviter l’étouffement tout en favorisant la biologie du sous-sol. Cette technique du compost dans les repiquages à sec, nous lavons aussi identifiée chez Aldo Bongiovanni à San Biaggio Platani ( lire notre brève Aldo)

Nous lui proposons de rester travailler avec lui le lendemain, dimanche. C’est un jour sacré pour lui, son seul jour de repos et jour de plage.

Il nous offre deux magnifiques oranges de son champs, des oranges « Stacca » espèce typique de la Calabre, greffée il y a 3-4 ans sur un ancien oranger de 30-40 ans. Nous les avons mangé à notre réveil, requinqués par une magnifique nuit de pleine lune, sous un bel olivier et dopé par cette trajectoire d’un jeune bourré d’optimisme.

Aranca stacca

Une brève rencontre qui fait du bien, courte mais dense, qui redonne de l’espoir, du courage et de la joie. Merci Giuseppe! N’hésite pas à venir nous voir en Suisse! Notre maison est ta maison! C’est avec plaisir que nous te ferons visiter les campagnes et les réalités agricoles en Suisse!

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