Caucase – Tout est possible

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Tbilissi, 6 août 2022

De retour de la frontière avec la Russie, sur le seul axe qui assure une communication à travers le Caucase, via Stephantsminda, après une nuit de pluies diluviennes, je me posais la question de savoir s’il restait encore une route pour redescendre sur Tbilissi? A l’aller, déjà, nous circulions par moment sur une voie à défaut de la deuxième partie dans les flots sur quelques mètres, sachant que le trafic des poids lourds de 40 tonnes qui la pratiquent, ne s’arrête jamais. D’où cette envie de vous faire partager une rubrique avec le dénominateur commun de « Tout est possible en Géorgie ».

Boycott de la Russie par l’Europe? Pas vraiment!

Imaginez une queue de camions poids-lourds de 40 tonnes stationnés sur 100 km, soit environ selon les heures entre 2’500 et 4’000 poids lourds en comptant les aires de douane, du côté géorgien, le côté russe nous étant interdit. La Géorgie par souci bien compréhensible de rapport de bon voisinage, ne boycotte pas la Russie.

Il faut entre 1 et 7 jours aux poids lourds pour franchir l’unique frontière Russo-géorgienne, sur l’ axe caucasien de Stephantsminda. Via un col de 2’400m d’altitude, entre 2’500 et 5’000 camions attendent l’accord de la police pour progresser de quelques kilomètres, le tout sur une route à 2 voies, longeant souvent des précipices ou des bord de rivières torrentueuses.

Essentiellement des camions immatriculés Lettonie, Ukraine, Arménie, Tchéquie, Ouzbékistan, Azerbaïdjan, mais aussi allemands, tout du moins les remorques.

Un axe routier au bord de l’effondrement

Un trafic intense dans les 2 sens, qui défient toutes nos pauvres connaissances en géopolitique, sécurité routière et statique des routes, au vu de certains effondrements. Nous estimons à 15’000/20’000 véhicules jour le trafic.

Unique passage entre Géorgie et Russie, chaque jour plus de 5000 poids lourds de 40 tonnes passent sur une moitié de route l’autre partie étant effondrée fraîchement ou dans ce cas simplement en cours de réfection. Nous avons attendus 10’ que la bétonnière décharge son ciment dans les coffrages. Nous sommes à 2’000 mètres d’altitude jjuste après la station de ski de Gauderi. 6 août 2022

Heureusement les chinois sont là!

Nous avions déjà apprécié le chantier de 100 km de long de la réfection de l’axe Batoumi- Tbilissi, (lire notre brève La route impossible) nous voilà rassurés de constater que la réfection de la route « militaire » construite par les russes avec le concours bénévole des prisonniers de guerre allemands, pour les ouvrages et galeries d’altitude (2’300m), sont en cours de réfection , travaux assurés par des entreprises chinoises. Travaux financés par les banques chinoises

Tunnel sous le col de Gauderi construit par les chinois
Entrée Nord du tunnel en cours de percement qui doit éviter aux camions de monter au dessus de 2’000 mètres, travaux pharaoniques gérés par des entreprises chinoises, machines, homes, matériaux, hormis les cailloux locaux, arrivant directement de Chine par containers de 40 pieds.

Les forces de la nature caucasienne placent les effets de la météo helvétique au niveau de celui des trains électriques miniatures.

Les pluies de la nuit ont redécoré la station essence de Gauderi – station de ski située à 140 km au Nord Ouest de Tbilissi.

La vie c’est joyeux – la mort c’est joyeux aussi et célébré

Tout au long des 72 km de piste menant au Parc National de Tusheti, la route est jalonnée de monuments et plaques commémoratives de celles et ceux qui sont passés par-dessus bord (il n’y a jamais de parapet et la route domine en permanence les précipices). Sous l’effet de l’alcool de défaillances mécaniques ou d’effondrement de la voirie, les morts s’accumulent ( environ 30 personnes ces 10 dernières années, des morts dont les amis et la famille n’oublient pas de célébrer en pique-niquant sur du mobilier fixe à dessein et en triquant un petit verre de vodka.

Dieu est omni présent

Après 50 km de piste dangereuse, le col à 2970m est atteint. Tous les chauffeurs s’y arrête et vont brûler un cierge dans une mini chapelle en cours de construction, et remercier Dieu d’être toujours en vie. Dans tous les lieux névralgiques, des églises orthodoxes sont positionnées de façon à rappeler la juste position de l’homme en Géorgie. On prie, on remercie, et on trinque au brandy maison – merci à Mamouka notre chauffeur et Lika notre interprète.

Passerelle piétons d’Abano, pour accéder aux monastères, les véhicule passent à gué. Les chauffeurs se signent plusieurs fois par jour à l’approche d’une difficulté.

Vaches, chiens, moutons, cochons & chiens sacrés

Depuis l’Albanie, nous avions l’habitude de voir quelques vaches le long des routes et quelques chiens errants, surtout au Kosovo, un chien/une station service/un restaurant/un commerce alimentaire. En Géorgie, les animaux sont rois, les véhicules slaloment, les vaches prennent le contrôle des ponts sur une route nationale, rien d’anormal, tout le monde contourne, klaxonne, dépasse par la droite, la gauche , le milieu, au final, le nombre d’animaux écrasés que nous avons à vélo le temps de compter chaque jour est anecdotique, comparé à l’Espagne ou au Portugal.

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